PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'Europe du Sud veut s'imposer dans les infrastructures : Atlantia, société italienne contrôlée par la famille Benetton, lance une OPA à plus de 16 milliards d'euros sur l'espagnole Abertis pour constituer un géant des autoroutes et des aéroports.

L'opération a un air de déjà vu : en 2006, les deux groupes avaient tenté de convoler mais avaient été stoppés par des réticences politiques nationales. Rien de tel en vue cette fois : la tentative a été préparée de longue main, notamment auprès de l'actionnaire à 23% d'Abertis, un holding d'investissement de la banque Caixa.

Celui-ci n'a pas commenté cette offre non sollicitée. Elle n'en est pas mois taillée sur mesure pour lui.

Outre l'option en cash à 16,5 euros par action, l'offre comporte une variante en titres. Or la banque espagnole ne fait pas mystère de sa préférence pour les participations de long terme par rapport au numéraire.

A eux deux, les mariés disposeraient de 14.000 km d'autoroutes dans 19 pays, d'Europe du Sud bien sûr mais aussi d'Amérique latine. L'ensemble pèserait 36 milliards en Bourse contre 46 pour le grand rival européen, Vinci.

Le Français pourrait-il contrer l'offre italienne ? C'est peu probable. Outre le caractère en fait amical de l'offre d'Atlantia, qui rendrait une surenchère coûteuse et pas forcément bien accueillie, le fait que certaines concessions d'Abertis arrivent en fin de vie n'enchante pas le géant français.

Surtout, il est probable que Vinci ait d'autres objectifs en tête. Si Emmanuel Macron reprend des privatisations, Aéroport de Paris ferait un candidat très présentable même si le vote d'une loi serait dans ce cas nécessaire.

Or Vinci, qui détient déjà plus de 9% des droits de vote, ne cache pas qu'il augmenterait volontiers sa part.

-Philippe Mudry, Directeur des rédactions de L'Agefi ed: CLE

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