Privatisations : le gouvernement va demander des "autorisations législatives" (Le Maire)
Le 08 mars 2018 à 16:02
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PARIS (AFP)--Le gouvernement va demander des "autorisations législatives" pour céder des participations dans des entreprises à capitaux publics où existent des seuils de détention fixés par la loi, a déclaré jeudi le ministre de l'Economie Bruno le Maire.
"Oui, nous demanderons prochainement les autorisations législatives nécessaires pour faire un certain nombre de cessions d'actifs de l'Etat", a déclaré M. Le Maire, interrogé au Sénat par la Mission d'information sur Alstom et la stratégie industrielle de la France.
"Ces cessions, nous les ferons avec le Premier ministre et le Président de la République, à notre rythme, en fonction de ce que nous jugerons utile et nécessaire", a poursuivi le ministre, sans préciser le nom des sociétés concernées.
La loi impose des seuils de détention sous lesquels l'Etat ne peut descendre dans quatre entreprises à capitaux publics : Aéroports de Paris (>> fiche valeur), Engie, EDF et la Française des jeux (FDJ).
Une cession de participation dans EDF ayant été exclue à plusieurs reprises par le gouvernement, qui considère cette entreprise comme "stratégique", l'attention se concentre sur les trois autres sociétés, et notamment la FDJ et ADP.
"Nous réfléchissons à l'ouverture du capital de la FDJ tout en gardant le monopole", a confirmé jeudi matin sur Sud Radio le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, évoquant pour la première fois une privatisation partielle de l'entreprise.
L'Etat détient 72% du capital de la société et bénéficie d'un monopole de droit sur les jeux de loterie et les jeux à gratter. Selon une source proche du dossier, le gouvernement pourrait décider d'introduire l'entreprise en Bourse.
Concernant ADP, "la décision de privatiser" le groupe "est prise depuis longtemps", a par ailleurs précisé à l'AFP une source à Bercy. Rien n'a toutefois été à ce stade décidé quant à la part du capital de l'entreprise qui sera cédée, a-t-elle ajouté.
Actuellement, le gouvernement possède 50,6% du capital du groupe aéroportuaire, qui a en charge la gestion des aéroports de Paris-Charles de Gaulle et d'Orly. Un candidat a fait part publiquement de son intérêt: le groupe Vinci, qui possède déjà 8% d'ADP.
Les cessions d'actifs voulues par le gouvernement doivent servir à abonder un fonds de 10 milliards d'euros consacré au financement de l'innovation de rupture. Elles visent également à recentrer le portefeuille public sur les actifs considérés comme essentiels.
"L'Etat actionnaire doit être présent dans des secteurs stratégiques, où notre souverainté est en jeu", a souligné jeudi Bruno Le Maire. "Pour le reste, ce n'est pas le rôle de l'Etat que de recueillir régulièrement des dividendes"
Aéroports de Paris développe et gère des aéroports, dont Paris-Charles de Gaulle, Paris-Orly et Paris-Le Bourget. En 2023, le groupe a accueilli environ 99,7 millions de passagers à Paris-CDG et Paris-Orly, et environ 326,7 millions de passagers à l'étranger. Bénéficiant d'une situation géographique exceptionnelle et d'une zone de chalandise importante, Aéroports de Paris poursuit sa stratégie d'adaptation et de modernisation de ses terminaux, d'amélioration de la qualité des services et de développement des commerces et de l'immobilier. Le CA par activité se répartit comme suit :
- prestations de services aéroportuaires (32,9%) : gestion du trafic aérien, gestion des transports intermodaux et des terminaux, installation des infrastructures aéroportuaires, enregistrement et transfert des passagers, traitement des bagages, manutention des avions (nettoyage, guidage, assistance au placement et au démarrage, chargement et déchargement des aéronefs), etc. ;
- exploitation d'espaces commerciaux et de services (30,5%) : magasins, restaurants, banques, bureaux de change, etc. ;
- gestion immobilière (5,4%) : location de terrains et d'actifs immobiliers d'entreprise (commerces, bureaux, hôtels, bâtiments logistiques, etc.) ;
- autres (31,2%) : notamment gestion des aéroports à l'international, prestations d'ingénierie aéroportuaire, de télécommunications spécialisées, etc.