Londres a demandé à la direction de l'aviation civile (CAA) d'affréter plus de 30 avions pour rapatrier les passagers de Monarch, tandis que la compagnie aérienne a elle-même annulé quelque 750.000 réservations pour des vols futurs.

"Je suis navré que des milliers de gens voient leur voyage ou leurs vacances annulés, ne puissent peut-être retourner chez eux qu'avec retard et subissent d'énormes inconvénients du fait de notre échec", a dit au personnel le directeur général de Monarch, Andrew Swaffield. "Je suis sincèrement navré que cela finisse comme ça".

La forte concurrence à l'oeuvre dans le transport aérien fragilise encore plus les compagnies les moins bien préparées et a déclenché une dynamique de consolidation. Air Berlin et Alitalia ont ainsi déposé le bilan cette année et sont à la recherche d'investisseurs pour racheter une partie de leurs actifs. Ryanair de son côté a annulé des milliers de vols faute de pilotes en nombre suffisant.

Monarch, créée en 1968 et basée à l'aéroport de Luton, au nord de Londres, connaissait de graves difficultés financières depuis 2016 quand une série d'attentats ont fait chuter la demande de billets pour la Tunisie, la Turquie et l'Egypte.

La compagnie a été recapitalisée par son propriétaire, Greybull Capital, il y a un an mais la chute de la livre depuis le référendum de juin 2016 sur le Brexit a encore aggravé ses difficultés.

"Monarch a été en réalité la victime de la guerre des prix qui sévit en Méditerranée", a déclaré le secrétaire aux Transports Chris Grayling sur Sky News.

"Le problème de Monarch c'est qu'elle n'était ni vraiment une compagnie charter, ni une compagnie à bas coûts. En fait elle a été prise en étau", a-t-il dit, ajoutant que bon nombre des plus de 2.000 salariés du groupe retrouveraient sans doute du travail.

Easyjet

Avec la concurrence de plus en plus forte des transporteurs à bas prix, Monarch, la cinquième compagnie aérienne britannique, avait vu sa part de marché tomber à 1,7% au Royaume-Uni cette année contre 2,6% en 2012, selon Euromonitor International.

Sa chute profite à ses rivales en Bourse lundi, surtout à Londres, à l'image d'easyJet qui a signé la plus forte de l'indice européen Stoxx 600 avec un bond de 5,18%, ou de Wizz en hausse de 4,86%.

"Même s'il faut attendre de voir ce que donnera la procédure de sauvegarde, il ne fait pas de doute que les différentes restructurations en cours en Europe vont faire baisser les capacités excédentaires", commentent les analystes de Goodbody dans une note.

Les analystes de Cantor Fitzgerald jugent probable qu'easyJet cherche à reprendre des actifs de Monarch.

La chute de Monarch sera plus douloureuse pour certaines des plus grandes sociétés de leasing mondiales, qui ont financé sa flotte de 36 appareils, surtout des Airbus, et pour Boeing, qui lui a vendu 32 monocouloirs 737 MAX, dont aucun n'a encore été livré.

Quoique d'importance moindre par rapport aux grandes compagnies aériennes européennes, Monarch était un bon repère pour les constructeurs aéronautiques en quête de parts de marché, car elle changeait de fournisseur régulièrement au gré de ses besoins.

Monarch a renoué avec Boeing en 2014, à l'issue d'une âpre bataille avec Airbus et Bombardier.

"Nous faisons en sorte, avec les administrateurs et la CAA, de faire le maximum pour réduire au mieux les perturbations lorsque nous le pouvons mais nous ne nous faisons aucune illusion quant aux problèmes que cela va causer", a poursuivi Andrew Swaffield. "Beaucoup de fournisseurs vont pâtir fortement de notre faillite et là encore j'en suis navré".

Le dernier vol de Monarch a atterri à Manchester en provenance de Tel Aviv à 3h19 heure locale (02h19 GMT), selon le site Flightradar24.

Les différentes sociétés du groupe qui ont déposé le bilan sont Monarch Airlines, Monarch Holidays Ltd, First Aviation Ltd, Avro Ltd et Somewhere2stay Ltd.

En Bourse, Ryanair a fini en hausse de 3,55% à Dublin et Lufthansa a gagné 3,45% à Francfort. A Paris, Air France-KLM a progressé de 1,95%.

(Avec Subrat Patnaik à Bangalore, Victoria Bryan à Berlin et Tim Hepher à Paris, Julie Carriat et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Alistair Smout