Airbus a confirmé mardi 22 mai son intention de se conformer à la décision de l'Organisation mondiale du commerce, dont l'organe d'appel s'est prononcé le 15 mai dernier. L'industriel s'est accordé avec les gouvernements français, allemand, britannique et espagnol concernant une modification des termes du dispositif "RLI" (investissement remboursable de lancement), qui avait permis de financer le lancement des programmes A350 et A380. Le parti européen estime que les ajustements, qu'il qualifie de "mineurs", sont de nature à répondre aux demandes de l'OMC. Les termes resteront confidentiels mais Airbus précise qu'ils "sont alignés sur les conditions de marché actuelles".

Le secrétaire général du groupe, John Harrison, estime que cela démontre la volonté claire d'Airbus de garantir une concurrence saine dans le secteur. Mais il en profite, c'est de bonne guerre, pour égratigner Boeing en passage, en appelant l'OMC à appliquer un traitement aussi strict à l'Américain lorsque sera examiné le recours européen visant le groupe de Seattle.

C'est celui qui dit qui l'est

Dans sa décision du 15 mai, l'OMC a notamment reproché aux autorités européennes de ne pas avoir mis fin à certaines aides publiques sous forme d'avances remboursables en faveur des programmes de gros porteurs A350 et A380, ce qui a pénalisé l'industrie aéronautique américaine. Elle a toutefois écarté les griefs des Etats-Unis selon lesquels le marché des monocouloirs A320 et des gros porteurs A330 avait aussi été concerné.

Le bras de fer avait démarré en 2004 et oppose, il faut le noter, les Etats ou Autorités nationales et non les entreprises, qui ne sont pas juridiquement parties au dossier. Après des années de procédure, en 2011, l'UE avait prévenu l'OMC qu'elle se conformerait à ses demandes, mais les Etats-Unis avaient jugé les mesures insuffisantes. En 2012, les Etats-Unis avaient accepté de se conformer aux demandes de l'OMC, mais l'UE… avait jugé les mesures insuffisantes. C'est donc l'appel de 2011 qui a été tranché la semaine dernière, et l'appel de 2012 qui reste à juger. L'annonce a brièvement pesé sur les cours d'Airbus la semaine dernière, sans empêcher le titre de remonter vers ses pics historiques, au-delà de 100 euros, depuis.
 

A gauche, Boeing brocarde Airbus. A droite, c'est le contraire (source : sites internet d'Airbus et Boeing)

Comme à chaque round, les deux industriels ont crié victoire à l'annonce du verdict du premier appel. Mais pour Douglas Harned, de Bernstein, l'avantage va clairement à Boeing, même si l'ampleur des conséquences est difficile à appréhender. Il se pourrait cependant que l'OMC reconnaisse aussi, dans l'affaire restant à trancher, que l'Américain a continué à bénéficier d'avantages indus. Si tel était le cas, l'analyste s'attend à une sorte de paix des braves via un accord transactionnel qui devrait permettre aux deux groupes de poursuivre en toute sérénité leur duopole.