Le régulateur français des télécoms, l'Arcep, a annoncé mardi qu'il allait donner la possibilité de tester la "5G" en conditions réelles en attribuant des fréquences à titre temporaire afin de pouvoir mieux anticiper les bénéfices et les usages de cette technologie de dernière génération.

Les fréquences constituent le coeur du réacteur pour les opérateurs télécoms Orange, SFR Group, Bouygues Telecom et Iliad qui dépensent à intervalles réguliers des sommes élevées pour obtenir l'autorisation de les utiliser.

Mais la 5G, qui reposera sur des fréquences qui n'ont pas été encore attribuées, pourrait accélérer les transferts de données de façon si inédite qu'elle pourrait démultiplier les usages de ces bandes de fréquence.

"Nous voulons éviter de faire une attribution précipitée alors que nous ne savons pas exactement à quoi va servir la 5G", a expliqué mardi à Reuters le président de l'Arcep, Sébastien Soriano.

Cette nouvelle technologie, dont les standards font toujours l'objet de discussions au niveau mondial, pourrait délivrer à l'horizon 2025 des vitesses de pointe qui sont plus de 30 fois plus élevées que celles enregistrées en 2015, selon un rapport de la Commission européenne datant de 2016.

UNE TECHNOLOGIE CLEF POUR L'INTERNET DES OBJETS

De façon inédite, l'expérimentation lancée par Arcep sera ouverte aussi bien aux opérateurs télécoms qu'aux futurs utilisateurs professionnels de la 5G comme par exemple les grandes infrastructures types ports, aéroports, routes et réseaux de train, les acteurs industriels ou encore des infrastructures publiques comme des hôpitaux.

Protéiforme, la 5G devrait en effet permettre de faire cohabiter des usages très différents.

Elle pourrait ainsi soutenir l'essor des véhicules autonomes qui fonctionne avec des capteurs ou encore l'internet des objets qui permet de connecter une vaste gamme d'objets.

Deux bandes de fréquences se démarquent en Europe pour la 5G : la bande des 3.400-3.800 MHz et la bande des 26 GHZ. Elles n'ont pas encore été attribuées par l'Arcep aux réseaux mobiles.

Le gendarme des télécoms propose de délivrer des autorisation à "tout acteur intéressé" avec l'objectif de collecter des retours d'expérience à partir de ces premiers déploiements.

Dans le cadre d'un plan datant de 2016, l'Union européenne souhaite déployer la 5G dans toutes les zones urbaines et sur les principaux axes routiers d'ici 2025.

Les analystes de Citi soulignent cependant que l'Europe est à la traîne des Etats-Unis et de pays asiatiques comme le Japon, Singapour et la Corée du Sud sur la 5G en raison d'une régulation dense et d'un manque d'investissement.

(Edité par Tangi Salaün)

par Mathieu Rosemain et Gwénaëlle Barzic

Valeurs citées dans l'article : Bouygues, Orange, Iliad, Nokia Oyj, Ericsson, Altice