L'action Apple a perdu 4,1%, un deuxième recul consécutif, en raison d'une note de Morgan Stanley qui prédit un bénéfice trimestriel légèrement inférieur aux attentes et estime que le consensus du deuxième trimestre devrait être revu à la baisse.

Le groupe à la pomme a entraîné l'ensemble du compartiment high tech dont l'indice a cédé 1,51%, ainsi que le Nasdaq Composite qui accuse la perte la plus élevée des trois grands indices.

"Il y a ce qui est propre à Apple mais aussi peut-être un peu de nervosité dans l'attente des publications des comptes des sociétés", a déclaré Daniel Morgan (Synovus Trust).

Alphabet, Facebook, Intel et Microsoft entre autres publieront leurs résultats la semaine prochaine.

Apple avait déjà laissé 2,8% jeudi après un avertissement de Taiwan Semiconductor (TSMC), premier sous-traitant mondial des semiconducteurs, qui a revu à la baisse sa prévision du marché cette année en raison d'un fléchissement de la demande de smartphones.

L'indice Dow Jones a perdu 201,95 points (0,82%) à 24.462,94 points vendredi. Le S&P-500 a cédé 22,99 points (0,85%) à 2.670,14 points. Le Nasdaq Composite a abandonné 91,93 points, soit 1,27%, à 7.146,13 points.

Sur l'ensemble de la semaine, les trois indices sont toutefois en hausse, de 0,4% pour le Dow, de 0,5% pour le S&P et de 0,6% pour le Nasdaq.

Le Dow Jones a reçu le soutien de General Electric (+3,93%) qui a plus que triplé son bénéfice au premier trimestre grâce aux bonnes performances des divisions aviation et santé.

Les analystes s'attendent à ce que les bénéfices des sociétés du premier trimestre 2018 soient en hausse de 20%, un pourcentage sans précédent depuis le quatrième trimestre 2010, période ou le pourcentage avait été de 37%.

Sur les 87 entreprises qui ont déjà publié leurs comptes, 79,3% ont dépassé le consensus, selon Thomson Reuters I/B/E/S, soit plus que le pourcentage de 75% en moyenne des quatre trimestres précédents, conséquence, entre autres choses, de la réforme fiscale américaine qui se révèle très intéressante pour les sociétés.

Pour ce qui est des chiffres d'affaires, les analystes projettent une hausse de 7,5% sur le premier trimestre et 71,3% des sociétés qui ont déjà publié le leur ont battu le consensus. Le pourcentage moyen des quatre derniers trimestres était de 69%.

"Les résultats sont bons, au-delà des attentes qui étaient déjà élevées", a dit Brent schutte (Northwestern Mutual Wealth Management). Toutefois, a-t-il ajouté, des taux d'intérêt en hausse vont affaiblir la Bourse et provoquer des corrections à court terme. "Mais l'effet sera moindre si la croissance continue et entraîne derrière elle la Bourse".

NON LOIN DE 3%

Le rendement de l'emprunt de référence à 10 ans a atteint son plus haut depuis près d'un mois, le marché obligataire ayant subi des dégagements pour la deuxième journée de suite, provoquant une pentification de la courbe des rendements qui n'avait cessé de s'aplatir pendant deux semaines.

Le papier à 10 ans donnait un rendement de 2,945%, un pic d'un mois qui reste en deçà des 2,957% du 21 février, un sommet inégalé depuis janvier 2014.

"Ca se rapproche doucement de 3% et donc, d'un point de vue technique, le 10 ans va commencer à se signaler à l'attention des gens", a observé Ryan Larson (RBC Global Asset Management).

La pentification de la courbe semble toutefois plus technique que motivée par des données macro-économiques et c'est pourquoi les analystes pensent que ce mouvement est momentané.

La hausse des taux d'intérêt et des refinancements du Trésor en augmentation - du deux ans, du cinq ans et du sept ans sont attendus la semaine prochaine - vont tirer vers le haut les échéances les plus courtes, ce qui provoquera un nouvel aplatissement de la courbe car les obligations à deux, trois et cinq ans montent plus vite que celles à 10 et à 30 ans.

Lorsque les rendements sont élevés, les investisseurs tendent à privilégier les obligations au détriment de secteurs défensifs comme le BTP ou les biens de consommation de première nécessité, synonymes de dividendes élevés au prix d'une croissance lente et prévisible.

De fait, l'indice sectoriel des biens de première nécessité a lâché 1,68%, plus forte perte de la séance, devant l'indice des high techs.

Au contraire, le secteur bancaire bénéficie d'un tel contexte; l'indice bancaire KBW a gagné 0,21% et l'indice S&P des financières est le seul des 11 grands indices sectoriels à ne pas finir dans le rouge, en arrachant 0,05% de gain.

Le volume a représenté 6,45 milliards de titres échangés, un peu moins que la moyenne de 6,92 milliards des 20 dernières séances.

La montée des rendements obligataires a fait son effet sur le dollar, qui a inscrit un plus haut de deux semaines face à un panier de devises de référence.

Pour autant, les perspectives du billet vert ne sont pas roses en raison de l'augmentation des déficits budgétaire et commercial des Etats-Unis, font valoir des analystes.

L'indice du dollar gagnait 0,4% à 90,314, après avoir atteint un pic de près de deux semaines de 90,477.

(Avec Kate Duguid, Richard Leong)

par Sruthi Shankar et Sinéad Carew