Il ne lui aura fallu que huit jours pour effacer un nouveau palier de 1.000 points de hausse, le délai le plus court de toute son histoire pour réaliser une telle performance.

Wall Street est en phase de rally depuis le début de l'année, avec un gain de 4,8% du S&P jusqu'à présent et seulement deux séances dans le rouge pour lui, dans l'espoir de résultats de sociétés plaisants.

Sur les 36 sociétés du S&P qui ont publié leurs comptes jusqu'à présent, plus des trois quarts ont dépassé le consensus, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

"La révision positive des résultats est la plus marquée depuis des années", a dit Keith Lerner (SunTrust Advisory Services). "C'est une croissance exponentielle depuis l'adoption de la réforme fiscale".

L'indice Dow Jones a gagné 322,79 points (1,25%) à 26.115,65 points, après avoir inscrit en séance un nouveau record de 26.130,45 points. Le S&P-500 a pris 26,14 points (0,94%) à 2.802,56 points, un record de clôture. Le Nasdaq Composite a avancé de 74,59 points (1,03%) à 7.298,28 points.

PERFORMANCES DIVERGENTES

C'est moins brillant toutefois pour certains poids lourds de la cote.

Goldman Sachs Group a annoncé sa première perte trimestrielle en six ans en raison d'une importante charge fiscale mais le bénéfice ajusté du quatrième trimestre a dépassé le consensus grâce notamment à la bonne performance de la banque d'investissement qui a atténué la chute du revenu du trading.

Le marché a retenu la perte et l'action a cédé 1,86%.

Bank of America (BofA) a vu son bénéfice du quatrième trimestre quasiment réduit de moitié en raison d'une charge de 2,9 milliards de dollars liée à la réforme fiscale aux Etats-Unis.

Elle s'en tire mieux que Goldman Sachs en ne laissant qu'un maigre 0,19%.

Il se peut que les banques réagissent aussi à l'aplatissement de la courbe des rendements qui tend à peser sur les marges d'intérêts nettes, a observé Marcelle Daher (John Hancock Financial Services).

Ford Motor a abandonné plus de 7%, ayant fait état d'un bénéfice provisoire ajusté pour 2017 et d'une prévision de résultat 2018 inférieurs aux attentes des analystes, qui contrastent avec les perspectives plus optimistes de son concurrent General Motors.

Dans un autre domaine, plus macroéconomique, l'économie et l'inflation des Etats-Unis se sont développées à une cadence modeste à modérée de la fin novembre jusqu'à la fin de 2017, et les salaires ont continué d'augmenter, à un rythme modeste, lit-on dans le Livre Beige de la Réserve fédérale paru mercredi.

Au chapitre des hausses, Boeing a progressé de 4,73%, ayant annoncé une coentreprise avec l'équipementier Adient dans la fabrication de sièges d'avions, une opération destinée à réduire les délais de livraison.

IBM s'est octroyé 2,93%, grâce à un relèvement à "surpondérer" de la recommandation de Barclays, tandis que le cours de Bourse a lui été augmenté de 59 dollars à 192 dollars.

IBM, mais aussi Microsoft (+2,03%) et Intel (+2,9%), ont permis à l'indice S&P des technologiques de gagner 1,58%, plus forte hausse sectorielle du jour. Les 11 grands indices S&P sectoriels ont tous fini dans le rouge par ailleurs.

De même Apple, un temps en retrait car affecté par un abaissement à "neutre" de la recommandation de Longbow Research, qui parle d'"un cycle de l'iPhone bon sans plus", a finalement rebondi pour finir sur un gain de 1,65%.

Le groupe à la pomme a annoncé mercredi qu'il paierait 38 milliards de dollars (31 milliards d'euros) environ de taxes sur ses liquidités détenues à l'étranger et qu'il comptait ouvrir un second campus aux Etats-Unis dans le cadre d'un programme d'investissement quinquennal de 30 milliards de dollars.

Le volume a été de 7,4 milliards de titres échanges, bien plus que la moyenne de 6,31 milliards des 20 dernières séances.

LE DOLLAR SE REDRESSE, LA COURBE DES TREASURIES S'APLATIT

Sur le marché des changes, l'euro est en repli, alors qu'il avait inscrit un pic de trois ans de 1,2322 dollar, ressentant le poids des déclarations de divers responsables monétaires européens.

La récente appréciation de l'euro face au dollar "n'aide pas", a ainsi déclaré mercredi Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE).

Dans un entretien à La Repubblica, Vitor Constancio, le vice-président de la BCE, a dit qu'il n'excluait pas que la politique monétaire reste "très accommodante pendant encore un bon moment".

L'indice du dollar, qui mesure l'évolution du dollar face à un panier de six monnaies de référence, gagnait 0,53% à 90,87, alors qu'il avait touché la veille un plus bas de trois ans de 90,113.

"Le sentiment reste encore bien baissier vis-à-vis du dollar", a toutefois tempéré Minh Trang (Silicon Valley Bank), car d'autres banques centrales que la Fed ont également choisi de revenir quelque peu sur leur politique monétaire ultra-accommodante.

Sur le marché des Treasuries, la courbe des rendements s'est encore aplatie au niveau d'un spread de 43,7 points de base entre le papier à cinq ans et le papier à 30 ans, au plus bas depuis août 2007, tandis que le rendement à deux ans a atteint un sommet de neuf ans de 2,047%.

C'est "l'histoire classique des deux marchés", a expliqué Ian Lyngen (BMO Capital Markets). "Les échéances les plus courtes réagissent au fait que la Fed insiste pour relever encore les taux, tandis que les échéances les plus longues réagissent à une inflation qui reste discrète au niveau international".

par Sruthi Shankar et April Joyner