Le Sénat américain a adopté à une voix près une résolution budgétaire qui va accélérer l'examen parlementaire de la réforme de la fiscalité voulue par Donald Trump et pourrait permettre sa promulgation d'ici la fin de l'année.

"C'est vraiment une élément positif, qui a joué sur le sentiment général", a dit Terry Sandven (U.S. Bank Wealth Management). "Toute décision législative qui met la croissance économique en avant sera à l'évidence un plus non seulement pour le sentiment mais sans doute aussi pour les bénéfices des entreprises".

Certains investisseurs disent en outre qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter de cette progression de Wall Street depuis quelques semaines.

"C'est une avancée saine car elle a été lente et régulière et la volatilité a été exceptionnellement faible", a dit Hank Smith (Haverford Trust).

L'indice Dow Jones a gagné 165,59 points (0,71%) à 23.328,63 points vendredi. Le S&P-500 a pris 13,11 points (0,51%) à 2.575,21 points. Le Nasdaq Composite a avancé de 23,99 points (0,36%) à 6.629,05 points.

Les trois indices ont inscrit des records de clôture et le Dow a dépassé cette semaine la barre des 23.000 points.

Sur l'ensemble de la semaine, le Dow a gagné 2%, le S&P-500 0,86% - c'est sa sixième semaine de gains consécutive - et le Nasdaq 0,35%.

Au plan sectoriel, ce sont les financières qui enregistrent le plus gros gain (+1,16%), suivies des industrielles (+1,07%).

L'indice des petites capitalisations Russell 2000 a gagné 0,5%, les PME devant elles aussi en principe profiter de la réforme fiscale.

La "saison" des résultat trimestriels bat son plein et 183 sociétés du Standard & Poor's doivent publier leurs comptes la semaine prochaine. Pour l'instant plus de 70% des 88 sociétés qui ont annoncé leurs résultats ont battu le consensus.

Des poids lourds de la cote ont également rendu publics leurs chiffres ce vendredi, mais certains ont déçu ou ont modérément satisfait l'investisseur.

Procter & Gamble a déçu Wall Street avec son chiffre d'affaires, une semaine après avoir remporté une bataille contre l'investisseur activiste Nelson Peltz qui souhaitait entrer dans son conseil d'administration afin d'y imposer d'importants changements.

L'action a cédé 3,65%.

General Electric a annoncé un bénéfice pour le troisième trimestre en forte baisse et largement inférieur au consensus, ce qui a pesé sur son action qui s'est néanmoins retournée à la hausse dans l'après-midi pour finir sur un gain de 1,06%.

Les deux premiers groupes parapétroliers mondiaux Schlumberger et Baker Hughes ont annoncé vendredi s'attendre à ralentissement de l'activité en Amérique du Nord et à une fin d'année difficile en raison de la volatilité persistante des cours du baril de pétrole.

Schlumberger a cédé 2,09% mais Baker Hughes a gagné 0,33%.

Honeywell a annoncé une hausse de 8,7% de son bénéfice au troisième trimestre, tiré par son activité dans l'industrie aérospatiale, et a relevé sa prévision de chiffre d'affaires annuel.

L'action a progressé de 1,2%.

Le volume a été de 6,2 milliards de titres échangés contre une moyenne de 5,9 milliards sur les 20 dernières séances, selon des données de Thomson Reuters.

HAUSSE DU DOLLAR ET DES RENDEMENTS OBLIGATAIRES

La perspective de voir la réforme fiscale se matérialiser a également profité au dollar qui a inscrit un pic de trois mois de 113,56 yens et de cinq mois à 0,9858 franc suisse.

Les cambistes disent que le billet vert a été également soutenu par les diverses déclarations de responsables de la Réserve fédérale cette semaine, dont la présidente Janet Yellen, qui vont dans le sens d'une nouvelle hausse des taux américains cette année.

Le dollar a brièvement baissé lorsque Donald Trump a déclaré dans une interview diffusée vendredi par Fox Business qu'il envisageait de confier des fonctions élevées au sein de la Fed à l'actuel gouverneur de la Réserve fédérale Jerome Powell et à l'économiste John Taylor, professeur à l'université de Stanford.

Mais le président américain n'a pas fermé la porte à une éventuelle reconduction de Janet Yellen, Fed dont le mandat arrive à échéance en février prochain.

Le fait que Janet Yellen ait été conviée à déjeuner à la Maison Blanche par le conseiller économique Gary Cohn a également fait fléchir le dollar brièvement.

L'initiative du Sénat a eu pour effet de faire monter les rendements obligataires, de par ses effets inflationnistes induits qui nourrissent les hypothèses de futures hausses des taux, et l'emprunt à deux ans a vu le sien atteindre un pic de près de neuf ans de 1,580%.

Une réforme fiscale se traduirait aussi par plus d'emprunt pour financer les baisses d'impôt, craint-on sur le marché obligataire.

Les cours du pétrole ont terminé en hausse vendredi sur le Nymex, au terme d'une séance en dents de scie durant laquelle ils ont le plus souvent été pris entre la pression exercée par une faible demande américaine et le soutien apporté par une forte baisse des exportations irakiennes en raison des tensions dans la région du Kurdistan.

Dans ce contexte, l'or a cédé 0,7% à 1.280,65 dollars l'once et le future a laisse 0,6% à 1.282,30 dollars l'once.

(Avec Dion Rabouin et Richard Leong et Chuck Mikolajczak, Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Sruthi Shankar et Caroline Valetkevitch