La plus ancienne banque au monde encore en activité a bouclé cette semaine une augmentation de capital de huit milliards d'euros, qui incorpore une injection de deniers publics de 3,85 milliards d'euros donnant à Rome une participation de départ de l'ordre de 54% dans l'établissement.

Le reste provient de la conversion obligatoire d'obligations subordonnées en actions. Il est probable que la part de l'Etat montera jusqu'à 70% cet automne, ce dernier dédommageant les détenteurs d'obligations non garanties en reprenant leurs avoirs.

Le plan de renflouement prévoit que la banque cède pour 26,1 milliards d'euros de créances douteuses qui seront titrisées par le bais d'un transfert vers une structure de cantonnement à capitaux privés, l'opération étant financée en partie par le fonds public Atlante II.

La banque a enregistré quatre milliards d'euros de dépréciations sur ces créances au deuxième trimestre. Conséquence de la recapitalisation, le ratio de capital CET1 est monté à 15,4%, l'un des plus élevés en Europe. Il était de 6,5% fin mars.

DES DÉFIS À VENIR

Confrontée à un besoin de fonds propres de plus de huit milliards d'euros après l'échec de son augmentation de capital de cinq milliards fin 2016, Monte dei Paschi avait été contrainte d'appeler l'Etat italien à sa rescousse.

La Commission européenne a autorisé ce sauvetage dans le cadre d'un plan de restructuration sur cinq ans impliquant entre autres quelque 5.500 suppressions de postes et des réductions de coûts drastiques. Le nombre d'agences de la banque devrait revenir à quelque 1.400 contre environ 2.000 en 2016.

Rome a engagé plus de 20 milliards d'euros dans le sauvetage de ses banques mais le secteur financier italien ploie encore sous les créances douteuses.

A la fin juin, Rome a engagé le démantèlement de Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca via une procédure qui pourrait nécessiter jusqu'à 17 milliards d'euros d'argent public.

Monte dei Paschi a annoncé que son revenu net d'intérêt avait chuté de 12,7% au premier semestre 2017 par rapport à il y a un an et que ses commissions nettes avaient reculé de 8,8%, deux chiffres qui soulignent les défis qui l'attendent.

(Silvia Aloisi, Wilfrid Exbrayat et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)