Madrid (awp/afp) - Le Fonds monétaire international (FMI) a nettement relevé mardi sa prévision de croissance du PIB en Espagne pour 2017, à 3,1% contre 2,6% estimés auparavant, grâce notamment au dynamisme de la consommation, du tourisme et des exportations.

Dans son rapport semestriel sur l'économie espagnole, le FMI n'exclut pas que la hausse finale soit encore "supérieure" à cette estimation, en raison de l'"impulsion" donnée par les réformes engagées dans la quatrième économie de la zone euro.

Cette nouvelle prévision, identique à celle de la Banque d'Espagne, est légèrement supérieure à celle annoncée début juillet par le gouvernement espagnol. En 2015 et 2016, la croissance avait atteint 3,2% en Espagne.

En 2018, la croissance devrait toutefois ralentir à 2,5%, estime le FMI.

Outre le bon niveau de la consommation et le "redressement de l'industrie manufacturière", le FMI met en avant dans son rapport semestriel le "dynamique secteur des services, en grande partie tourné vers l'export, qui a remplacé un secteur de la construction surdimensionné". Les exportations de services correspondent principalement aux revenus du tourisme.

La croissance incontrôlée de la construction et de l'immobilier, pilier de l'économie espagnole au tournant des années 2000, avait débouché sur l'éclatement d'une bulle immobilière, aggravant les effets de la crise mondiale dans le pays.

"Un changement de priorités en faveur du compétitif secteur exportateur espagnol, ainsi que la création de la majorité des nouveaux postes de travail dans le secteur des services, ont joué un rôle important dans ce rebond", analyse le FMI.

Le tourisme connaît une croissance exceptionnelle depuis deux ans, alimentée en partie par des éléments conjoncturels, notamment l'insécurité dans d'autres pays, qui entraîne un report de visiteurs sur l'Espagne.

L'institution se félicite aussi du désendettement des ménages et de l'évolution du secteur bancaire, "plus solide".

Mais "tout l'héritage de la crise n'a pas encore été complètement surmonté" et certains problèmes doivent être rapidement réglés, sous peine que l'économie espagnole reste "trop vulnérable aux chocs extérieurs", a prévenu la chef de la mission du FMI sur l'Espagne Andrea Schaechter, lors d'une conférence de presse.

Parmi ces points noirs figure le "niveau élevé de la dette publique" (100,4% du PIB au premier trimestre), ainsi que la précarité du marché du travail.

Malgré le fort reflux du chômage (18,7% au premier trimestre contre 27% début 2013), "les taux de chômage des jeunes et de longue durée sont parmi les plus élevés d'Europe, les contrats temporaires sont toujours plus nombreux que les contrats à durée indéterminée et l'emploi à temps partiel subi reste élevé", rappelle le communiqué.

Andrea Schaechter a appelé les autorités à cibler les programmes d'aide au retour à l'emploi sur les jeunes, et à évaluer l'efficacité des plans déjà existants.

Au nombre de 500 au niveau régional, "ils sont peut-être trop nombreux" avec pour corollaire des coûts importants, a-t-elle souligné devant la presse.

Le FMI appelle aussi de nouveau à une amélioration de la rentabilité du secteur bancaire, dans lequel environ un tiers des emplois et des succursales ont déjà été supprimés ces dernières années.

"On peut probablement en faire encore un peu plus pour réduire les coûts", a estimé Udaibir Das, responsable de l'évaluation du système financier espagnol pour le FMI.

Le rachat début juin de Banco Popular, au bord de la faillite, par sa compatriote Santander via un nouveau mécanisme de sauvetage européen "a supprimé une source d'incertitude du système bancaire", estime le FMI.

Globalement, l'Espagne a "réussi avec succès à tirer son système financier hors de la crise. Les autorités ont vraiment pris le taureau par les cornes", a estimé M. Das.

afp/rp