Ce compromis, annoncé au terme d'une rencontre au sommet mercredi entre le gouvernement et les constructeurs, doit permettre d'éviter des interdictions totales de voitures diesel comme envisagé par plusieurs villes allemandes et tenter de restaurer la réputation gravement ternie des industriels.

Depuis que Volkswagen a admis en septembre 2015 avoir menti sur le niveau réel des émissions polluantes de ses véhicules, le gouvernement d'Angela Merkel est accusé de complaisance à l'égard des grands constructeurs allemands.

Le sujet est devenu particulièrement sensible à l'approche des élections nationales de septembre.

Mais le gouvernement doit également veiller à ne pas susciter la colère d'une quinzaine de millions de conducteurs de voitures diesel en Allemagne et à ne pas pénaliser la plus grande industrie exportatrice du pays, qui emploie quelque 800.000 personnes.

La VDA, la fédération professionnelle du secteur, a annoncé que ses membres avaient accepté de modifier les moteurs de cinq millions de véhicules diesel, dont 2,5 millions du groupe Volkswagen qui ont déjà été rappelés.

Les groupes Daimler, maison mère de Mercedes-Benz, BMW, propriétaire des marques BMW et Mini, Volkswagen, qui détient Audi et Porsche en plus de VW, et Opel, tout juste repris par le français PSA Groupe, ont tous accepté de procéder à ces changements sans coût pour les clients, a précisé la VDA.

Dieter Zetsche, le président du directoire de Daimler, a précisé que les modifications apportées par son groupe concerneraient trois millions de voitures Mercedes-Benz en Europe et pas seulement en Allemagne.

Les mises à jour de logiciels doivent permettre de réduire les émissions d'oxyde d'azote des moteurs diesel de 25 à 30%, a précisé la VDA.

Elles devraient être aussi efficaces que l'interdiction de véhicules diesel envisagée dans les grandes villes, a-t-elle déclaré dans un communiqué, ajoutant: "L'industrie automobile sait qu'elle a perdu beaucoup de la confiance (dont elle bénéficiait). Nous devons et nous allons travailler à la regagner."

"Les constructeurs sont aussi convenus d'apporter une contribution financière à un fonds de 'mobilité durable' qui servira à lutter contre la pollution en milieu urbain", a aussi indiqué la fédération professionnelle.

LES CONSTRUCTEURS SOUS PRESSION

Ces dernières semaines, la pression s'est accentuée sur les constructeurs allemands. Après Paris, Londres a annoncé la fin de l'essence et du diesel en 2040, tandis que constructeur de la Silicon Valley Tesla a commencé la production en série de certains de ses modèles électriques.

De son côté, la Commission européenne enquête sur une éventuelle entente des constructeurs allemands.

La KBA, l'autorité fédérale du secteur, a annoncé mercredi une baisse de 12,7% des ventes de voitures diesel neuves en juillet, ajoutant que la part de marché de ces véhicules en Allemagne était tombée à 40,5% contre 46% à la fin 2016.

"Nous devons sauver le diesel (...), mais nous devons également donner un nouvel élan aux véhicules électriques", a déclaré Armin Laschet, ministre-président de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui accueille un tiers des sous-traitants automobiles allemands et le siège social de Ford Europe.

Greenpeace a déployé mercredi une banderole géante sur la façade du ministère des Transports proclamant "Willkommen in Fort NOx", jeu de mots avec le symbole NOx de l'oxyde d'azote.

"Le sommet sur le diesel a défendu la technologie obsolète du diesel, comme s'il s'agissait de la réserve d'or de Fort Knox", a enchaîné l'organisation dans un tweet, évoquant la forteresse militaire où sont entreposées les réserves d'or des Etats-Unis.

Alexander Dobrindt, le ministre des Transports, a également annoncé que les constructeurs proposeraient des primes pour inciter les conducteurs à abandonner leurs véhicules diesel de plus de 10 ans au profit de nouveaux modèles moins polluants. BMW a ainsi annoncé qu'il proposerait jusqu'à la fin de l'année un bonus pouvant atteindre 2.000 euros.

Barbara Hendricks, la ministre - sociale-démocrate - de l'Environnement, a déclaré que les mises à jour de logiciels ne constituaient qu'une première étape et que le gouvernement poursuivrait ses discussions avec les constructeurs pour décider de nouvelles mesures.

(Avec Madeline Chambers; Véronique Tison et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français)

par Emma Thomasson et Andreas Cremer