Dans la banque de détail en France, où les renégociations de crédit n'ont cessé de plomber les revenus au cours des trimestres passés, la banque française voit désormais l'érosion de ses revenus se tasser et mise pour cette année sur une stabilisation de son produit net bancaire.

En Bourse, les investisseurs ont salué cette publication, l'action Société générale signant la deuxième plus forte hausse de l'indice CAC 40 après Publicis.

Vers 11h50, le titre, qui affiche la plus fore progression de l'indice Euro Stoxx 50, progresse de 3,69% à 45,9 euros, affichant alors que le CAC 40 cède -0,8%.

Il enregistre un gain de près de 7% depuis le 1er janvier après avoir perdu près de 8% l'an dernier et surperforme l'indice bancaire européen, en hausse 1,3% depuis le début de l'année (après +8,1% en 2017).

"Les revenus dans la banque de détail en France sont au-dessus des prévisions", notent les analystes de Jefferies. "Les chiffres sont bons dans les activités de marché et les dérivés actions sont de retour à la normale."

Les analystes d'Oddo BHF soulignent de leur côté une "performance opérationnelle supérieure au consensus" ainsi que des reprises de provisions dans la banque de financement et d'investissement et la banque de détail à l'international.

FIN DES RENÉGOCIATIONS

Au quatrième trimestre, sous l'effet des charges exceptionnelles, le résultat net de la Société générale a chuté de 82,3% à 69 millions d'euros mais les analystes s'attendaient à voir la banque plonger dans le rouge. Son produit net bancaire a quant à lui augmenté de 3,2% à 6.323 millions d'euros tandis que ses provisions pour risques de crédit ont reculé de 3,5%.

"Nous avons amélioré la rentabilité sous-jacente du groupe dans une année qui a encore été marquée par un environnement financier pas simple pour les banques" a déclaré Frédéric Oudéa, le directeur général de la SocGen, lors d'une conférence de presse. Selon le consensus Inquiry Financial réalisé pour Reuters, les analystes attendaient en moyenne une perte nette de 303 millions d'euros au quatrième trimestre, avec un produit net bancaire de 5.923 millions d'euros. Dans la banque de détail en France, pénalisée par le contexte de taux d'intérêts historiquement bas, le produit net bancaire de la SocGen a reculé de 4,3% au quatrième trimestre après avoir plongé de 12,2% entre juillet et septembre.

"Nous pouvons confirmer que la vague des renégociations (de crédits, ndlr) est maintenant achevée", a dit Philippe Heim, le directeur financier de la banque.

A titre de comparaison, BNP Paribas avait déçu les investisseurs mardi en publiant pour le quatrième trimestre des comptes pénalisés par des charges et provisions plus élevées que prévu.

En Italie, UniCredit a dit ce jeudi avoir renoué avec les bénéfices en 2017 après avoir engagé un plan drastique de redressement.

NOUVELLE PROVISION POUR LITIGES

Au final, Société générale clôture son exercice 2017 avec un bénéfice net en recul de 27,6% et des revenus en contraction de 5,3%.

La banque prévoit de verser à ses actionnaires un dividende de 2,20 euros par action au titre de l'exercice écoulé, stable par rapport à 2016 et en ligne avec les objectifs de son plan stratégique à horizon 2020.

La direction du groupe a redit espérer régler, au cours des prochaines semaines voire des prochains mois, les litiges en cours aux Etats-Unis, source d'inquiétudes pour les investisseurs.

"Nous ne sommes pas totalement maîtres du calendrier", a noté Frédéric Oudéa. "Il y a encore des incertitudes sur les montants."

Ces incertitudes ont amené la banque à augmenter sa provision pour litiges de 200 millions d'euros au quatrième trimestre pour la porter à 2,32 milliards d'euros.

Des discussions sont actuellement en cours avec les autorités américaines en vue du règlement de trois litiges.

Le premier a trait au volet pénal aux Etats-Unis d'un différend commercial avec la Libyan Investment Authority (LIA), qui a fait l'objet en mai d'un règlement amiable se traduisant par le versement par la banque de 963 millions d'euros au fonds souverain.

Le deuxième contentieux porte sur l'affaire du Libor où plusieurs banques, dont la Société générale, sont soupçonnées de manipulation des taux interbancaires, tandis qu'un troisième concerne des soupçons de violation d'embargo.

(Avec Blandine Henault, édité par Jean-Michel Bélot et Benoît Van Overstraeten)

par Matthieu Protard et Maya Nikolaeva