Les ventes du deuxième distributeur mondial ont grappillé 0,4% en données publiées à 21,85 milliards d'euros, un chiffre proche du consensus de 21,9 milliards établi par Inquiry Financial pour Reuters.

Hors essence, effet calendaires et à magasins comparables, la croissance est tombée à 0,5%, après une progression de 2,8% au deuxième trimestre.

Plombé par un décrochage de ses performances, le groupe a lancé un avertissement sur ses résultats annuels le 30 août, tandis que son nouveau PDG a promis au marché de détailler son plan de relance avant la fin de l'année.

Le tout nouveau directeur financier, Matthieu Malige, s'est refusé, au cours d'une courte conférence téléphonique, à toute indication sur les contours de ce plan comme sur son calendrier.

Le groupe a confirmé viser une croissance à taux de change constants comprise entre 2% et 4% en 2017 ainsi qu'une baisse de 12% de son résultat opérationnel courant.

L'avertissement lancé en août devrait, selon les analystes, permettre à Alexandre Bompard d'avoir les coudées plus franches pour son plan de redressement.

Nombre d'entre eux anticipent un plan massif de réductions de coûts afin de permettre au groupe d'investir dans des baisses de prix pour relancer l'attractivité de ses hypers en France sans trop dégrader les marges.

Des fermetures de magasins et des passages en franchises sont également à l'étude, selon les syndicats, de même qu'une refonte d'envergure du digital, où Carrefour accuse un important retard par rapport à ses concurrents.

PERTES DE PARTS DE MARCHE

Alexandre Bompard, fort d'une équipe dirigeante entièrement remaniée, a promis d'améliorer, à terme, la génération de trésorerie comme la rentabilité, tandis que les analystes tablent sur un processus long qui pourrait ne pas porter ses fruits avant 2019.

Le titre Carrefour, revenu à ses niveaux du début 2013, à 17,12 euros en clôture mercredi, accuse une chute de 25% depuis le début de l'année.

En France, où la guerre des prix continue de faire rage, Carrefour s'est laissé progressivement distancer par Leclerc qui lui a ravi sa place de numéro un de la distribution en France.

En octobre, sa part de marché a reculé à 20,2% (contre 21,0% un an plus tôt), derrière Leclerc, qui a vu la sienne grimper à 21,3%, selon Kantar WorldPanel.

Surveillées à la loupe, les ventes des hypermarchés français, qui comptent pour près d'un quart du chiffre d'affaires du groupe, ont reculé de 1,7% en comparable, après une hausse de 0,5% au trimestre précédent permise par des promotions massives qui ont pesé sur la rentabilité.

Celles des supermarchés ont reculé elles aussi (-1,2% en comparable), accusant leur première baisse depuis de nombreux trimestres, tandis que celles des formats de proximité ont limité leur progression à 2,2% (après +6,7%).

Le groupe a expliqué ce recul par un environnement concurrentiel marqué par des promotions massives et par la déflation observée sur les prix des fruits et légumes.

De son côté, Casino a vu ses ventes se hisser de 0,6% dans l'Hexagone en comparable, avec une hausse limitée à 0,5% dans ses hypermarchés.

Les tendances se sont également dégradées pour Carrefour en Europe, basculant en terrain négatif en Espagne, comme en Belgique et en Italie.

Au Brésil, où il souffre comme Casino d'une forte baisse de l'inflation sur les produits alimentaires, la croissance est tombée à 1,1% en comparable, tandis que la baisse s'est poursuivie en Chine (-4,6%).

(Edité par Gilles Guillaume)

par Pascale Denis