Le sellier, célèbre pour ses sacs Birkin ou ses carrés de soie, a vu son résultat opérationnel courant grimper de 13% en 2017 à 1,92 milliard d'euros, en ligne avec le consensus des analystes de 1,91 milliard.

Sa rentabilité a quant à elle atteint un nouveau record à 34,6%, en hausse de 200 points de base grâce à la productivité élevée de ses sites de production ainsi qu'à un impact favorable d'environ 100 points provenant de ses couvertures de change.

"L'année a été historique. La croissance a été saine et très rentable, avec peu d'effets de prix et de périmètre", s'est félicité Axel Dumas, gérant du groupe de luxe, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Il a également dit ne voir "aucun changement" dans les tendances des ventes depuis janvier par rapport aux 18 derniers mois et a précisé que les couvertures de change auraient un impact "légèrement négatif" sur la marge en 2018.

"Nous avons bénéficié de bonnes couvertures de changes (...), nous avons fini l'année avec très peu de stocks (...) En 2018, forcément, notre rentabilité opérationnelle sera plus normative", a également déclaré Axel Dumas devant les analystes.

Les hausses de prix ont été limitées à 1% en début d'année, tandis que les effets de périmètre devraient être plus importants, Hermès prévoyant d'ouvrir sept nouveaux magasins en 2018, dont deux en Chine, contre quatre en 2017.

Le groupe a bouclé l'année écoulée sur une solide croissance organique de 8,6%, ralentie cependant au quatrième trimestre faute de stocks disponibles dans la maroquinerie, sa division phare.

UN SITE EN CHINE AVANT LA FIN 2018

Pour 2018, les analystes estiment qu'Hermès devrait maintenir le cap d'une croissance organique d'environ 9%.

Très attendu sur le digital - dans lequel le groupe a été un pionnier avec l'ouverture d'un site de e-commerce en 2001 mais où il a ensuite pris du retard - Hermès va "bientôt" déployer la nouvelle version de son site en France et en Europe, après l'avoir fait en Amérique du Nord.

En Chine, où Gucci (groupe Kering) et Louis Vuitton (LVMH) ont ouvert un site marchand pendant l'été 2017, Hermès prévoit d'en ouvrir un avant la fin 2018.

Limité dans ses capacités de production par le temps nécessaire à la formation de ses artisans, Hermès entend préserver son modèle artisanal et n'envisage pas de recourir aux collaborations qui peuvent, comme chez Louis Vuitton avec l'américain Supreme, contribuer à doper les ventes.

"Je suis fondamentalement contre le co-branding", a indiqué le dirigeant, disant préférer "la créativité interne".

Le résultat net consolidé a grimpé de 11% à 1,22 milliard d'euros. Le dividende proposé a été augmenté de 9,3% à 4,10 euros et le groupe versera en outre un dividende exceptionnel de 5,00 euros par action à ses actionnaires.

Ces chiffres ont été salués par le marché, le titre Hermès prenant 3,38% à 468,3 euros à la Bourse de Paris à 14h10, alors que l'indice SBF 120 cédait 0,36% au même moment.

A 37,55 fois ses bénéfices estimés pour 2019, ses multiples de valorisation demeurent, de loin, les plus élevés du secteur, quand ceux de LVMH ressortent à 20,95 et ceux de Richemont à 21,59.

Ce niveau s'explique, selon les analystes, par le modèle unique d'Hermès, sa résistance face à ses concurrents dans les moments difficiles et sa capacité à croître de façon plus régulière.

Perçu comme l'incarnation du luxe "ultime", Hermès combine une offre ultra haut de gamme, avec des sacs iconiques vendus à 10.000 euros, avec une vaste gamme de produits plus accessibles dans la soie ou les accessoires.

Avec la moitié de ses ventes dans la maroquinerie, à plus forte marge, le groupe dégage aussi la rentabilité la plus élevée du secteur.

(Edité par Dominique Rodriguez)

par Pascale Denis