Zurich (awp) - Richemont a subi sur l'exercice décalé 2016/2017, clos fin mars, une chute de près de moitié du bénéfice et un recul des recettes. Les résultats sont en partie inférieurs aux projections des analystes. Le conseil d'administration proposera malgré tout un dividende en hausse et un nouveau programme de rachat d'actions. Le marché réagissait négativement à ces nouvelles.

"Richemont vient de connaître une année difficile", admet le président Johann Rupert cité dans le communiqué publié vendredi. Le patron a relevé que les mesures prises pour faire face aux défis ont pesé sur les performances financières à court terme mais ont permis de mieux positionner le groupe dans les années à venir.

Le bénéfice net a été amputé de 46% sur un an à 1,21 mrd EUR. Cette dégringolade est notamment imputable à des éléments exceptionnels positifs enregistrés lors de l'exercice précédent. La fusion de Net-a-porter, détenu maintenant à 50% par Richemont, avec l'italien Yoox avait généré un gain de 639 mio EUR. En ne tenant pas compte de cet effet, le recul du bénéfice pour l'exercice 2016/2017 se limite à 24%.

Le bénéfice opérationnel (Ebit) pour sa part a cédé 14% à 1,76 mrd EUR. Des effets non récurrents ont limité son recul. Le dividende pour sa part devrait connaître une progression de 6% à 1,80 CHF.

Au cours de l'exercice sous revue, le chiffre d'affaires a reculé de 4% à 10,65 mrd EUR. Sans tenir compte des rachats de stocks auprès des détaillants, les ventes ont diminué de 2%, précise le communiqué.

Les résultats sont mitigés. Les recettes et le bénéfice net sont inférieurs au consensus AWP tandis que l'Ebit et le dividende ont quelque peu dépassé les attentes. Les analystes interrogés prévoyaient en moyenne des ventes de 10,73 mrd EUR, un Ebit de 1,69 mrd, un bénéfice net de 1,37 mrd EUR et un dividende de 1,79 CHF.

Au niveau des divisions, les recettes dégagées par la joaillerie (-2% à 5,93 mrd EUR) ont mieux résisté que celles de l'horlogerie (-11% à 2,88 mrd). Le résultat du secteur montres reflète le difficile environnement surtout au niveau des ventes via des détaillants, souligne Richemont.

Dans l'ensemble, le second semestre a été meilleur. Les Etats-Unis, premier pays pour Richemont, ont renoué avec la croissance tandis que la Chine continentale, désormais second pays du groupe, le Royaume-Uni et Macao se sont inscrits en forte croissance.

L'INCERTITUE RESTE DE MISE

L'incertitude et la volatilité des marchés devraient prévaloir au cours de l'exercice en cours, annonce le groupe spécialisé dans des produits de luxe.

Lors d'une conférence téléphonique, le président exécutif Johann Rupert s'est refusé à communiquer des objectifs chiffrés, notamment à cause de ces incertitudes qui pèsent sur le secteur.

Quant au directeur financier Gary Saage, il a relevé que la profitabilité et les ventes se sont nettement améliorés en Chine continentale lors de l'exercice écoulé. La rentabilité générée dans l'Empire du Milieu a par ailleurs gagné en importance au niveau du groupe, a mis en exergue le CFO qui rendra son tablier cet été.

Richemont a aussi mis fin à son programme de rachat d'actions qui avait été lancé le 15 mai 2014. Ce dernier a permis d'acquérir 5,185 mio de titres A, représentant 0,9% du capital et 0,5% des droits de vote. Le propriétaire des marques Cartier et Piaget a par ailleurs annoncé un nouveau programme de rachat de 10 mio d'actions A s'étendant sur trois ans. Ces nominatives totaliseront 1,7% du capital et 1% du droit de vote.

A la prochaine assemblée générale du 13 septembre, le spécialiste de produits de luxe proposera cinq personnes supplémentaires pour regarnir le conseil d'administration. Clay Brendish, Nikesh Arora, Anton Rupert - fils du président Johann Rupert - Keyu Jin et Vesna Nevestic brigueront un poste d'administrateur non exécutif lors de l'assemblée générale.

Les nouvelles du jour n'ont pas convaincu les investisseurs. A la clôture, le titre Richemont s'affichait en forte baisse de 5,0% à 81,60 CHF, après avoir passée la totalité de la séance dans le rouge. L'indice SMI a quant à lui terminé en hausse de 0,65%.

Malgré une performance mitigée, Vontobel considère que les rachats de stocks ainsi que les ajustements réalisés au niveau des coûts permettent d'espérer des améliorations pour l'exercice 2017/2018.

Bernstein rappelle que le groupe genevois détient un portefeuille de marques de luxe ayant un pouvoir sur les prix à long terme et un solide réseau de distribution (55% des ventes). Cependant la valorisation actuelle tient déjà compte d'une éventuelle amélioration au cours des prochains trimestres, commente l'analyste Mario Ortelli.

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