"Nous sommes un an en avance sur notre plan de marche, à la fois en croissance mais aussi en marge où nous sommes à 6,5%, ce qui nous permet d’afficher un objectif de 7% dès l'exercice à mars 2019 au lieu de mars 2020", a souligné Henri Poupart-Lafarge, P-DG d'Alstom, lors d'une interview accordée à Reuters.

Le spécialiste du transport s'octroie 4,98% à 40,7 euros à 11h13, après avoir atteint son plus haut niveau depuis juillet 2011. Le titre figure parmi les plus fortes hausses de l'indice SBF120, quasi stable (-0,17%) à la même heure, et sa hausse de près de 18% cette année porte sa capitalisation à 9,0 milliards d'euros.

Alstom, qui a annoncé mardi soir la constitution du futur conseil d'administration de Siemens Alstom, fait état dans un communiqué d'une progression de 0,7 point de sa marge à 6,5% en 2017-18, dépassant le consensus, grâce à la bonne exécution de ses contrats et de son "mix produits".

La part du matériel roulant dans les commandes reçues a baissé sur un an et cette activité (trains, métros...) ne représente plus que 49% dans le carnet de commandes au 30 mars, la majorité étant représentée par des activités à plus fortes marges comme les services et la signalisation.

"Avec ce que nous avons mis en place, le moteur des annonces sur les marges est davantage lié à la compétitivité et à l'excellence opérationnelle qu'à la croissance pure", a dit aux analystes Henri Poupart-Lafarge.

"C'est pourquoi nous pouvons anticiper une poursuite de la croissance de nos bénéfices même si le chiffre d'affaires se situera autour de huit milliards", a ajouté celui qui deviendra le directeur général de la nouvelle entité Siemens Alstom.

"PIPELINE" DE COMMANDES EN NETTE AMÉLIORATION

Le groupe a également réalisé un chiffre d'affaires lui aussi meilleur que prévu de 7,951 milliards d'euros, signant une croissance organique de 10% lors de l'exercice à fin mars, soit le double du rythme annuel qu'il envisageait jusqu'à 2020.

Ses commandes reçues ont chuté de 28% à 7,183 milliards d'euros, souffrant de la comparaison avec les méga-commandes reçues en 2016-17, notamment aux Etats-Unis, mais sont là encore nettement au-dessus du consensus (6,563 milliards attendus).

Henri Poupart-Lafarge a dit espérer un retour des gros contrats au Moyen-Orient grâce à la remontée des cours du brut, faisant valoir que le "pipeline" d'Alstom était bien supérieur à ce qu'il était il y a un an, sur la base d'un certain nombre de commandes en cours de discussion.

"L'augmentation du prix du pétrole qui va redonner des marges de manœuvre. Avec un pétrole à 70 dollars les perspectives vont changer dans un certain nombre de pays, c'est vrai en Arabie saoudite mais c’est vrai aussi en Algérie ou au Kazakhstan par exemple", a-t-il souligné.

En revanche, avec le retour des sanctions américaines, la situation semble désormais figée en Iran, qui était vu par Alstom comme un marché potentiellement important, avec notamment des possibilités de contrats avec le métro de Téhéran.

"Nous étions comme tout le monde, dans une phase où nous n'avions pas de contrat et où on s'apprêtait à renouer des contacts commerciaux, mais rien n'était bouclé. C'est un potentiel qui ne s'exprimera pas", souligne le P-DG.

Alstom prévoit de verser un dividende en hausse à 0,35 euro par action au titre de 2017-18 contre 0,25 euro pour 2016-17, lors de son assemblée générale du 17 juillet, au cours de laquelle les actionnaires se prononceront aussi sur le rapprochement avec Siemens prévu pour être bouclé fin 2018.

Le groupe français et l'allemand Siemens ont signé le 23 mars leur accord de rapprochement prévoyant que le nouvel ensemble sera basé et coté à Paris et aura pour président l'Allemand Roland Busch en tant que président du conseil et vice-président Yann Delabrière.

ACQUISITIONS CIBLÉES ENVISAGEABLES

Henri Poupart-Lafarge a précisé à Reuters que le produit de 2,6 milliards qui sera reçu en octobre prochain en échange de la sortie d'Alstom de trois coentreprises dans l'énergie avec General Electric serait consacré à hauteur d'environ 800 millions au versement d'un dividende exceptionnel de 4,0 euros prévu dans le cadre de l'accord avec Siemens, le solde de 1,8 milliard devant permettre de renforcer les fonds propres du nouveau groupe.

Il a également indiqué que des acquisitions ciblées étaient envisageables pour s'adapter à la révolution de la mobilité.

"Clairement, la vision d’être un acteur important dans la mobilité nouvelle nous conduirait naturellement à faire des acquisitions, pas forcément dans le cœur de notre activité ferroviaire, où on sera extrêmement bien armés", a souligné le P-DG.

Alstom a également annoncé mardi soir la nomination de Laurent Martinez comme directeur financier à compter du 1er juillet.

(édité par Benoît Van Overstraeten)

par Cyril Altmeyer et Jean-Michel Belot