Après un premier semestre atone, le géant français de l'agroalimentaire a bouclé l'année 2017 sur une croissance de 2,5% en données comparables (après 2,9% en 2016), accusant un ralentissement pour la sixième année consécutive.

Le propriétaire d'Activia, Blédina ou Evian fait légèrement mieux que le suisse Nestlé, dont la croissance organique a été limitée à 2,4% l'an dernier.

Le rythme s'est toutefois accéléré au second semestre, avec une croissance organique de 4%, dont une progression de 3,7% sur le seul quatrième trimestre (supérieure aux 3,3% attendus par les analystes).

Cette performance s'explique par le rebond de sa nutrition spécialisée (infantile et médicale), division la plus rentable, qui a vu sa croissance organique grimper de 9,3% en 2017, portée par un rebond des ventes de lait maternisé en Chine.

La dynamique a également été solide dans l'eau (+4,7%), grâce au redressement de Mizone en Chine, tandis que les tendances sont restées négatives dans les produits laitiers et d'origine végétale (EDP).

En Europe, les ventes de la divison EDP sont restées pénalisées par une concurrence accrue mais Activia a donné des signes d'amélioration au quatrième trimestre. Aux Etats-Unis, elles ont souffert de la baisse des produits frais Horizon et Earthbound Farms.

Grâce à la nutrition spécialisée, à un solide contrôle des coûts et à plus de 50 millions de dollars de synergies liées à l'intégration de WhiteWave, le spécialiste américain du yaourt bio racheté en avril 2017, Danone voit son résultat opérationnel progresser de 7,8% en comparable à 3,54 milliards, dépassant légèrement le consensus de 3,53 milliards, pour une marge en hausse de 70 points de base à 14,36%.

DES RÉSULTATS JUGÉS RASSURANTS

Pour 2018, une nouvelle amélioration de la rentabilité est attendue grâce au programme d'économies annoncé en 2017 et à de nouvelles synergies liées à WhiteWave.

Face à la détérioration de leur croissance organique, les groupes agroalimentaires se focalisent de plus en plus sur l'amélioration de leurs marges, selon Goldman Sachs.

Comme Nestlé, Danone fait face à la concurrence d'un nombre croissant d'acteurs locaux, souvent plus en phase avec les tendances de consommation de leurs marchés respectifs.

Le groupe est par ailleurs mis sous pression par certains investisseurs pour augmenter sa rentabilité. Le fonds activiste Corvex Management a pris en août 2017 une participation de 0,8% dans son capital, alors que d'autres activistes se sont attaqués à Nestlé ou Procter & Gamble.

Les résultats de Danone ont été bien accueillis par le marché. Les analystes de Jefferies estiment que la baisse de la cruciale division des produits laitiers et d'origine végétale témoigne des défis auxquels le groupe fait face, mais ceux de Bernstein évoquent des chiffres "solides et sans mauvaises surprises".

Pour Natixis, les résultats sont rassurants et Danone en bonne voie pour réaliser ses objectifs de moyen terme.

En Bourse, vers 11h50, le titre Danone gagne 2,32% à 65,61 euros, alors que le CAC 40 prend de son côté 0,66%.

A ces niveaux de cours, il se traite sur des multiples de valorisation de 16,9 fois ses bénéfices estimés pour 2019, contre 19,5 fois pour Nestlé. En juin 2016, avant l'annonce du rachat de WhiteWave, la valorisation du groupe fançais était de 19 fois ses bénéfices.

Selon Credit Suisse, les investisseurs jugent trop élevé le prix payé pour le groupe américain (22 fois l'Ebitda), dans un marché des boissons d'origine végétale qui, bien qu'attractif, est rendu difficile par de faibles barrières à l'entrée.

Pour 2018, Danone dit tabler sur une nouvelle croissance à deux chiffres de son bénéfice net courant par action à taux de change constats, hors effets de la cession d'une part de Yakult.

Il affirme aussi être "en bonne voie" pour atteindre ses objectifs 2020, à savoir une croissance de 4% à 5% en comparable et une marge opérationnelle courante supérieure à 16%.

Le bénéfice net courant part du groupe 2017 progresse de 14,6% à 2,19 milliards d'euros et le bénéfice net courant par action de 12,6%. Le dividende est relevé de 11,8% à 1,90 euro.

Au total, les ventes ont augmenté de 12,5% en 2017 à 24,68 milliards d'euros, en ligne avec attentes.

(édité par Benoît Van Overstraeten)

par Pascale Denis

Valeurs citées dans l'article : Danone, Nestlé