"Il est en effet exact que la BCE passe en revue ou qu'elle envisage de passer en revue l'actionnariat", a dit la source sous le sceau de l'anonymat, confirmant une information du journal Süddeutsche Zeitung.

La BCE et Deutsche Bank ont refusé de commenter ces informations.

Un porte-parole des services du cheikh Hamad ben Jassim ben Jabr al Thani n'était pour sa part pas disponible dans l'immédiat.

Le ministère allemand des Finances, quant à lui, a dit avoir pris note de ces informations mais s'est refusé à tout autre commentaires.

L'objectif d'un tel contrôle demeure flou mais en général il a pour but de vérifier la solidité financière de l'investisseur et l'origine des fonds investis.

Cette procédure d'approbation vise à s'assurer que seuls des actionnaires fiables entrent dans le système bancaire afin d'empêcher les perturbations dans son fonctionnement, peut-on lire sur le site web de l'institut d'émission.

En principe, la procédure n'est déclenchée que si un actionnaire possède plus de 10% du capital ou des droits de vote d'une banque, mais elle peut aussi être décidée si l'actionnaire, même sous 10%, a une "influence significative" sur la gestion de l'établissement.

Le Qatar, qui est actionnaire de Deutsche Bank depuis 2014, et HNA, entré cette année au capital, possèdent chacun un siège au conseil de surveillance de la banque.

Si le résultat de la revue est négatif, la BCE peut interdire à l'actionnaire d'exercer ses droits de vote.

La semaine dernière, l'Allemagne est devenue le premier pays de l'Union européenne à renforcer sa réglementation en matière de prises de participations étrangères, en réponse aux inquiétudes suscitées par la prise de contrôle de savoir-faire ou de technologies par des entreprises chinoises notamment.

Le Qatar fait face actuellement à des pressions politiques et économiques: ses voisins, dont l'Arabie saoudite, ont rompu le mois dernier leurs relations et accusent le petit Etat du Golfe de financer le terrorisme et de frayer avec l'Iran, des allégations que Doha réfute.

Deutsche Bank voit dans les participations du Qatar et de HNA un signe de confiance qui pourrait encourager d'autres investisseurs, petits et grands.

En mai, la BaFin, l'autorité de régulation des marchés financiers allemands, avait salué l'investissement de HNA. "Nous estimons qu'il est fondamentalement positif que ce capital soit investi dans des banques allemandes. Cela inclut bien entendu des capitaux étrangers et bien sûr des capitaux chinois", avait déclaré à l'époque le président de la BaFin, Felix Hufeld.

La procédure d'examen en cours ne signifie pas en soi que Deutsche Bank ait commis un impair mais elle survient à un moment délicat pour la première banque allemande.

Deutsche Bank, qui se remet à peine d'une longue série de scandales financiers et de litiges aux Etats-Unis pour ses pratiques passées, est à un tournant stratégique en raison de l'incertitude économique mondiale et des conséquences du Brexit.

L'action Deutsche Bank a terminé en repli de 0,12% à la Bourse de Francfort.

(Arno Schütze, Balazs Koranyi, Alexandre Hübner, Frank Siebelt, Tom Sims; Catherine Mallebay-Vacqueur et Claude Chendjou pour le service français, édité par Véronique Tison et Wilfrid Exbrayat)

Valeurs citées dans l'article : Deutsche Bank, HNA Holding Group Co Ltd