(Répétition d'une dépêche diffusée vendredi avec actualisation sur l'échec du projet de loi visant à réformer l'Obamacare)

* La France inquiète un peu moins les marchés

* Trump échoue à faire passer son projet de loi sur l'Obamacare

* L'heure de vérité approche pour l'économie britannique

par Patrick Vignal

PARIS, 27 mars (Reuters) - Le risque politique pesant sur les marchés a quitté la France la semaine dernière pour se déplacer vers les Etats-Unis, où Donald Trump a échoué à faire passer son projet de loi sur la réforme de l'assurance-santé, et visitera cette semaine la Grande-Bretagne, où Theresa May s'apprête à donner le coup d'envoi des négociations sur le Brexit.

Lundi dernier, les cinq principaux candidats à la présidentielle en France ont débattu à la télévision sous l'oeil attentif des investisseurs, qui ont surtout retenu la prestation d'Emmanuel Macron, l'un de leurs favoris et celui des sondages.

Les marchés s'inquiètent de la possibilité d'une victoire de Marine Le Pen et d'un retour à une monnaie nationale, un scénario qu'écartent pour l'heure les enquêtes d'opinion puisqu'elles donnent la candidate du Front national battue au second tour, que ce soit largement par Emmanuel Macron ou moins nettement dans un duel avec François Fillon.

"Pour l'instant, le risque politique français est dans une petite phase de reflux qui est bien appréciée par les marchés, jusqu'au prochain sondage", commente Vincent Guenzi, responsable de la stratégie d'investissement de Cholet Dupont. "Il ne faut pas oublier que la fin du risque politique en France, ce sera plutôt après les législatives qu'avant."

Signe de la détente sur le front français, l'écart de rendement entre les obligations d'Etat à dix ans françaises et allemandes s'est resserré au lendemain du débat télévisé du 20 mars, tandis que l'euro touchait un pic de six semaines face au dollar.

L'inquiétude a alors traversé l'Atlantique où Donald Trump pourrait avoir du mal à tenir ses promesses de baisse des impôts et de relance budgétaire, qui ont tant contribué à faire grimper les marchés d'actions depuis son élection le 8 novembre.

"TRUMP PANIC" ?

Le "Trump trade" qui a porté Wall Street pendant des mois va-t-il se muer en "Trump panic" ? Peut-être, ont dû penser les investisseurs lorsque le Dow Jones et le Standard & Poor's 500 ont perdu mardi plus de 1%, leur plus mauvaise performance depuis la victoire du magnat de l'immobilier dans la course à la Maison blanche.

Le recul des indices de Wall Street s'explique par les difficultés du nouveau président à convaincre les parlementaires de son propre parti d'adopter la nouvelle législation sur l'assurance santé destinée à enterrer l'Obamacare, la loi emblématique de son prédécesseur qu'il a promis d'abroger.

Donald Trump a dû finalement annuler vendredi le vote sur le projet de loi engageant l'abrogation de l'Obamacare, ratant ainsi son premier test législatif. Cet échec fait redouter aux marchés un ralentissement du processus législatif pour les mesures qu'ils attendent, en premier lieu l'allégement de la fiscalité des entreprises.

"Quoi qu'il arrive, les réformes fiscales et les réformes de régulation passeront d'une manière ou d'une autre", prédit Vincent Guenzi. "Le risque, c'est celui d'une temporisation (...) Cela ne va pas faire une baisse de 20% du marché mais il y aura peut-être une consolidation du marché de quelques points de pourcentage, éventuellement."

Autre zone de turbulences, la Grande-Bretagne, qui vient d'être frappée par un attentat et où la Première ministre, Theresa May, s'apprête à écrire à l'Union européenne pour annoncer formellement la volonté du Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne.

LA DETTE BRITANNIQUE SOUS SURVEILLANCE

En vertu de l'article 50 du traité européen de Lisbonne, cette notification, qui doit intervenir mercredi, déclenchera un compte à rebours de deux ans pour trouver un accord sur le Brexit, en faveur duquel les électeurs britanniques se sont prononcés par 52% contre 48% lors du référendum du 23 juin dernier.

Depuis ce scrutin, l'économie britannique a fait mieux que résister mais la situation pourrait se compliquer, surtout si les négociations entre Londres et Bruxelles s'avèrent difficiles.

L'évolution de la notation de la dette de la Grande-Bretagne dépendra largement de l'issue de ces négociations et des conditions d'un nouvel accord commercial éventuel avec l'UE, a fait savoir mardi Moody's Investors Service.

"On voit que l'inflation commence à augmenter au Royaume-Uni. C'est à surveiller parce que cela pourrait alourdir le climat auprès d'investisseurs jusqu'ici très bienveillants", observe par ailleurs Vincent Guenzi.

Publié mardi, le taux d'inflation au Royaume-Uni a montré une augmentation plus forte que prévu des prix, atteignant 2,3% sur un an et dépassant pour la première fois depuis trois ans l'objectif de 2% de la Banque d'Angleterre (BoE).

Deutsche Bank a prévenu que la livre pourrait tomber encore "bien plus bas" contre le dollar, anticipant un cours sterling/dollar de 1,14 au second semestre, contre un peu moins de 1,25 vendredi.

Autre événement de cette semaine, la publication, vendredi, des derniers chiffres officiels sur l'activité du secteur privé en Chine (PMI), très surveillés dans un passé récent mais désormais moins sensibles.

"Les indicateurs de l'économie chinoise, dont les PMI, ont été relativement encourageants ces derniers temps," lit-on dans une note d'Investec. "Avec les gros événements politiques en cours des deux côtés de l'Atlantique, il faudrait vraiment un choc majeur pour qu'ils ébranlent les marchés."

* L'AGENDA ÉCONOMIQUE MONDE :

* L'AGENDA ÉCONOMIQUE FRANCE : (édité par Blandine Hénault)