Le numéro deux mondial des spiritueux table désormais sur une progression de son résultat opérationnel courant (ROC) comprise entre 4% et 6% à taux de changes constants, au lieu des 3%-5% prévus auparavant.

Cette révision, qui intervient avant même les cruciales ventes de cognac pour le nouvel an chinois, témoigne de la confiance du groupe selon son PDG Alexandre Ricard.

"Nous sommes clairement confiants", a-t-il dit concernant l'évolution à attendre des ventes de Martell pour les festivités chinoises.

Mais comme son concurrent Rémy Cointreau, le groupe a révisé en hausse l'impact négatif des taux de changes sur son ROC. D'abord estimé à 125 millions d'euros, il est désormais attendu à 180 millions.

"Le relèvement des prévisions témoigne d'une reprise de la croissance plus rapide que prévu", soulignent les analystes de Jefferies, pour qui l'effet négatif de change devrait être compensé par la croissance organique et des impacts fiscaux favorables.

Ces prévisions ont été saluées par le marché, le titre Pernod Ricard prenant vers 12h00 2,21% à 127,4 euros et signant la troisième plus forte du hausse du CAC-40 qui recule de 0,87% au même moment.

MARTELL ET JAMESON, MOTEURS DE LA CROISSANCE

"La croissance organique est plus forte que prévu. La croissance en Asie et les résultats de l'Europe sont une bonne surprise", notent les analystes de Kepler Cheuvreux, tandis que ceux de Mirabaud estiment que la nouvelle fourchette de croissance du ROC pourrait se révéler "un peu prudente compte-tenu des comparatifs plus aisés qui s'annoncent au second semestre".

A ces niveaux de cours, la valeur se traite avec des multiples de valorisation de 20,12 fois les bénéfices estimés pour le prochain exercice, contre 19,72 fois pour le britannique Diageo, leader mondial du secteur, et 30,35 fois pour Rémy Cointreau, plus proche des valeurs du luxe par son positionnement très haut de gamme.

Malgré un décalage du calendrier des livraisons de son cognac Martell pour le nouvel an chinois, plus tardif cette année, Pernod Ricard a bien résisté en Chine (+8%) profitant comme ses concurrents Hennessy (groupe LVMH) et Rémy Cointreau d'un rebond de la demande de cognac auprès des classes moyennes-supérieures après des années de vaches maigres liées aux mesures anticorruption de Pékin.

Il a aussi profité du rebond du whisky Chivas, dont les ventes en Chine ont grimpé de plus de 10%.

Le groupe a également été porté par une reprise de ses ventes en Inde (+9%), son deuxième marché, après avoir été plombé l'an dernier par une nouvelle réglementation sur la vente d'alcool près des grands axes routiers et l'instauration d'une nouvelle taxe.

A l'inverse, la dynamique s'est légèrement tassée aux Etats-Unis (+3%), premier marché du groupe où les ventes de la vodka Absolut continuent de reculer tandis que Jameson poursuit sa marche en avant et signe encore une hausse à deux chiffres.

Sur l'ensemble du premier semestre de l'exercice clos le 30 juin, Martell et Jameson, qui signent tous les deux une croissance organique de 12% et demeurent les deux principaux moteurs de croissance du groupe.

Le chiffre d'affaires a progressé de 5,1% au premier semestre, à taux de change constants, après une progression de 4,6% sur le seul deuxième trimestre au lieu des 3,3% attendus par les analystes.

Le résultat opérationnel courant (ROC) a atteint 1,50 milliard d'euros - en ligne avec le consensus - affichant une baisse de 0,3% en données publiés mais une hausse de 5,7% à changes constants. La marge progresse de 21 points grâce à des hausses de prix, notamment sur Jameson, à un effet "mix" positif et à une maîtrise des coûts.

Grâce à une forte progression du cash flow (+21%), la dette nette est réduite de 476 millions d'euros à 7,38 milliards.

(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)

par Pascale Denis