COLMAR, 18 janvier (Reuters) - Le secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Sébastien Lecornu, a rencontré jeudi à Colmar (Haut-Rhin) les représentants du personnel de la centrale nucléaire de Fessenheim, tous opposés à sa fermeture, un échange inédit qualifié de "constructif" de part et d'autre.

L'envoyé de Nicolas Hulot inaugurait un déplacement de trois jours en Alsace au cours duquel il doit également rencontrer les représentants des collectivités locales et des milieux économiques alsaciens comme allemands et installer le comité de pilotage chargé de réfléchir à la reconversion du site.

Les syndicats de la plus ancienne centrale nucléaire française avaient toujours refusé de dialoguer avec un représentant du gouvernement d'une fermeture qu'ils refusaient depuis que François Hollande l'avait annoncée, en 2012, dans un délai de cinq ans finalement non tenu.

"On a constaté notre désaccord à savoir, moi qui leur ai réaffirmé la fermeture de Fessenheim, eux, quelles que soient les organisations syndicales, qui m'ont redit qu'ils étaient contre cette décision, mais une fois qu'on s'est dit ça on a parlé de l'après", a dit devant la presse Sébastien Lecornu, après trois heures et demie de discussion en préfecture.

"Les échanges ont été globalement constructifs. On a besoin de réfléchir à ce qui a été dit. On en parlera plus tard", a indiqué à la sortie le représentant de la CGT, Jean-Luc Cardoso, à l'unisson des autres syndicats.

AVENIR DE L'EMPLOI

Selon le secrétaire d'Etat, le dialogue a porté sur l'avenir des 750 agents EDF et des 330 salariés sous-traitants employés sur la centrale, sur les emplois induits, dont un millier directement, mais aussi sur la réindustrialisation du bassin d'emploi.

L'hypothèse de la création d'une zone d'activité à vocation franco-allemande a été évoquée.

"Les zones économiques sont remplies du côté allemand. Du côté français, elles ne le sont pas parce qu'on n'a jamais mis à disposition du foncier disponible pour du développement économique", a souligné le ministre. Interrogé sur la possibilité d'y instaurer une fiscalité dérogatoire, comme le souhaitent les élus locaux, il a affirmé que "si le projet est solide, et je ne doute pas qu'il sera solide, l'Etat, le gouvernement sera vigilant à ce qu'on ne manque de rien pour réussir l'après-Fessenheim".

Il a précisé qu'il n'annoncerait pas l'arrivée "d'une entreprise magique comme parfois ministre a pu le faire dans le passé", allusion à Ségolène Royal, ministre de l'Environnement de François Hollande, qui avait évoqué l'implantation à Fessenheim du constructeur de voitures électriques Tesla.

Les deux réacteurs de 900 MW qui sont en service depuis 1977 sur les bords du Rhin devraient être mis à l'arrêt en 2018 ou 2019 au moment de l'entrée en service de l'EPR de Flamanville dans la Manche, une centrale de nouvelle génération, fin 2018.

Un décret signé en avril dernier acte le principe de cette fermeture, conformément à la loi de transition énergétique de 2015 qui plafonne la production d'électricité d'origine nucléaire à son niveau actuel, soit 63,2 GW. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)