Le Premier ministre s'est dit ouvert à un nouveau mouvement de baisse des cotisations sociales, s'appliquant cette fois aux salaires supérieurs à 2,5 smic, essentiels à la compétitivité de l'industrie.

Cette baisse ne pourra intervenir qu'une fois les comptes publics rétablis, a-t-il prévenu, alors que l'exécutif prévoit de revenir cette année dans les clous budgétaires européens et que l'exercice budgétaire 2018 s'annonce délicat.

"On n’a pas fait collectivement assez pour l’industrie, l’industrie française est désormais au 8e rang mondial, elle est derrière l’Italie et elle demeure trois fois plus petite que l’industrie allemande", a déploré le chef du gouvernement à l'issue d'un Conseil national de l'industrie, à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

"Le manque de compétitivité de notre industrie à l’export pénalise et dégrade durablement nos comptes publics et handicape d’une certaine façon notre action", a-t-il ajouté.

Les indicateurs macroéconomiques du secteur s'améliorent enfin, a-t-il souligné. "Mais la vérité, c’est que la production manufacturière reste 7% en dessous de son niveau d’avant-crise et qu’un million d’emplois ont été perdus dans l’industrie depuis 1995."

"Notre industrie est encore vulnérable. Pourquoi ? Parce que par-delà les odes à l’industrie, les slogans du 'redressement productif', on a souvent privilégié la communication colbertiste aux actes d’un Etat partenaire", a-t-il poursuivi, critiquant le mouvement engagé pour le "redressement productif" par le ministre Arnaud Montebourg pendant le mandat de François Hollande.

Ce dernier n'a pas été épargné par les piques d'Edouard Philippe, qui a assuré aux industriels qu'il ne leur proposerait pas de "pacte" ou de "choc" - comme l'avait fait le président socialiste - mais des actes.

FAVORISER LES INVESTISSEMENTS ETRANGERS

Une réflexion va être engagée sur la transformation de la fiscalité locale pesant sur la production, a-t-il dit.

Pour le coût du travail, "nous sommes prêts à poursuivre la baisse des charges, y compris pour les salariés au-dessus de 2,5 smic", a-t-il dit.

Pour aider les industriels à exporter davantage, le dispositif public d’accompagnement et de financement sera renforcé, a-t-il promis.

Edouard Philippe a détaillé le fonds de 10 milliards d'euros promis pendant la campagne pour soutenir l'innovation.

D'un rendement attendu de 200 à 300 millions d'euros par an, ce fonds sera opérationnel le 1er janvier.

Il sera alimenté en cash par le produit des récentes cessions de participations dans Engie et Renault, le solde d'environ 8 milliards d’euros étant constitué de participations.

Le gouvernement veut favoriser les investissements étrangers en France, a poursuivi le Premier ministre, mais il sera vigilant à ce que les centres de décisions des groupes français restent sur le territoire.

Plus encore, l'Etat n'hésitera pas à "monter au créneau" pour défendre les grands groupes susceptibles de faire l'objet d'OPA, a-t-il dit.

"Cette vigilance ne concernera pas uniquement les secteurs de la défense ou de la sécurité, elle vaudra pour tous les secteurs, y compris par exemple l’agroalimentaire ou les cosmétiques", a précisé Edouard Philippe.

La cartographie des différentes filières industrielles sera révisée pour plus d'efficacité, a-t-il ajouté.

Il a souligné l'ambition d'Emmanuel Macron au niveau européen pour obtenir la mise en place d'instruments de contrôle des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, l'application d'un principe de réciprocité et la création de champions européens.

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)

Valeurs citées dans l'article : Renault, Engie