"Nous proposons l'émission d'actions nouvelles et ce faisant, les actions existantes pourraient être diluées", a-t-il déclaré lors d'un entretien, lundi dans la soirée en précisant qu'un investisseur pourrait ne pas être autorisé à acquérir une participation de contrôle.

"Nous adopterons un ensemble de règles pour démocratiser le capital, éventuellement en limitant la participation maximale par entreprise (acheteuse)", a dit Coelho Filho.

Le Brésil compte céder le contrôle d'Eletrobras, la première société locale de services aux collectivités, ce qui représenterait une privatisation d'une ampleur inédite pour un gouvernement qui peine à résorber un déficit budgétaire record.

Le ministère de l'Energie et des Mines a informé lundi Centrais Eletricas Brasileiras, la holding publique connue sous le nom d'Eletrobras, du projet et a ajouté qu'il le soumettrait au conseil spécial des privatisations du président Michel Temer.

Cette présentation aura lieu mercredi, selon une source proche du dossier.

Les conditions de la cession d'Eletrobras font qu'elle attirera principalement des investisseurs financiers, a estimé mardi le directeur général d'Engie Brasil.

La détention par le gouvernement d'une action privilégiée ("golden share") lui donnant un droit de veto sur les décisions de l'entreprise risque de rebuter des investisseurs stratégiques comme Engie, a dit Eduardo Sattamini.

L'ADR d'Eletrobras cotée à New York a toutefois bondi de plus de 34% à 5,96 dollars mardi à Wall Street.

L'Etat fédéral détient 41% du capital d'Eletrobras et la majorité des droits de vote. La banque publique BNDES a environ 20% des actions ordinaires et 14% des actions préférentielles.

Eletrobras, qui est cotée à Sao Paulo, New York et Madrid, s'est abstenu de tout commentaire.

"C'est audacieux et ça plaira sans doute au marché", commente Alexandre Pavan Povoa (Canepa Asset Management). "Cela veut dire que le Brésil est mobilisé sur les fronts de la modernisation, de la gouvernance et d'une dépense budgétaire rationnelle".

Eletrobras souffre d'une dette élevée, de carences opérationnelles et d'une capacité d'investissement limitée. Ses paramètres de valorisation sont bien inférieurs à ceux de sept homologues suivis par Thomson Reuters.

L'"utility" de Rio de Janeiro a enfin collectionné les scandales, sans compter l'habitude du favoritisme dans l'attribution de certains postes.

La présidente Dilma Rousseff, à laquelle Temer a succédé, avait fait d'Eletrobras la figure de proue d'une lutte contre l'inflation et pour la croissance - en l'obligeant notamment à racheter des "utilities" régionales déficitaires - ce qui l'a amené à accumuler des pertes dont il ne s'est pas encore totalement remis.

Privilégier la Bourse à une fusion montre que le gouvernement veut accélérer les choses tout en maximisant la valeur de la participation de l'Etat, ajoute Pavan Povoa.

"Ce type de privatisation, qui revient à céder le contrôle, va en général plus vite parce que c'est le marché qui décide du juste prix", a dit de son côté Paulo Pedrosa, le secrétaire d'Etat aux Mines.

La plupart des détenteurs d'actions préférentielles B, le titre le plus traité, sont étrangers, au rang desquels figurent le fonds souverain norvégien Norges Bank et BlackRock, le premier fonds monétaire mondial. Eletrobras a également des actions de catégorie A dans son flottant.

(avec Rodrigo Viga Gaier et Luciano Costa, Wilfrid Exbrayat et Marc Joanny pour le service français, édité par Juliette Rouillon)

par Guillermo Parra-Bernal et Leonardo Goy