Essilor (-1,83% à 107,3 euros) et Luxottica (-1,73% à 48,75 euros) sont sous pression à Paris et à Milan. Sur la foi de rumeurs de marché, les investisseurs craignent que la Commission européenne n'exige des cessions d'actifs importantes pour valider le projet de rapprochement des deux spécialistes de l'optique. Selon Reuters et Il Sole 24 Ore, Bruxelles a prévu de communiquer cette semaine "ses inquiétudes" à Essilor et Luxottica concernant les risques que leur fusion ferait peser sur la concurrence. Personne n'était disponible chez Essilor pour commenter.

Sollicitée par AOF, la Commission européenne n'a, de son côté, pas confirmé cette information. Une chose est sûre : les documents contenant les griefs communiqués par Bruxelles dans ce type de dossiers ne sont jamais rendus publics par la Commission.

Si l'exécutif européen fait effectivement part de ses conclusions cette semaine, il serait en avance par rapport au calendrier prévu. En effet, Essilor et Luxottica ont sollicité l'avis de la Commission le 22 août et une décision était attendue le 26 septembre. Faut-il voir dans cette éventuelle accélération du calendrier le fait que les griefs sont trop évidents pour ne pas être mis en lumière sans tergiverser ?

Dans une note récente, Morgan Stanley soulignait le fait qu'un tel obstacle réglementaire pouvait freiner la constitution du nouveau groupe franco-italien. S'il ne se montrait pas particulièrement inquiet d'éventuelles cessions d'actifs, l'analyste mettait surtout en avant le retard qu'une étude approfondie par Bruxelles pouvait entrainer. Initialement prévue pour le deuxième semestre de cette année, la finalisation du rapprochement pourrait n'intervenir qu'en janvier ou février 2018. Morgan Stanley chiffrait alors à 12% l'impact positif de la fusion sur les bénéfices du groupe combiné en 2018, à +16,5% en 2019 et à +22,9% en 2020.

L'enjeu pour Essilor et Luxottica, principal producteur de dispositifs optiques et principal distributeur, est de créer un géant pleinement intégré. Lors de la présentation de leur projet de rapprochement, Essilor et Luxottica avaient indiqué que l'entité qui sortirait de leur fusion génèrerait un chiffre d'affaires supérieur à 15 milliards d'euros et un Ebitda autour de 3,5 milliards d'euros.

Valeurs citées dans l'article : Essilor International, Luxottica Group