PARIS (Agefi-Dow Jones)--Il est loin le temps où faire voter des résolutions en assemblée générale s'apparentait à une promenade de santé pour les entreprises du CAC 40. Les actionnaires entendent désormais jouer pleinement leur rôle, comme le montrent les premiers résultats du millésime 2018.

Chez Essilor, par exemple, deux résolutions portant sur la rémunération des dirigeants n'ont été approuvées mardi qu'à 58% des voix. Un score relativement faible, d'autres dispositions ayant été votées à près de 100%. La récolte a été maigre aussi la semaine dernière chez Vinci, où les rémunérations du PDG Xavier Huillard pour 2017 et 2018 ont recueilli moins de 60% des suffrages. Toujours chez Vinci, les administrateurs dont le mandat devait être renouvelé ont enregistré des scores inhabituellement bas.

De puissants mouvements sont ici à l'œuvre. Les sociétés de gestion d'actifs sont de plus en plus nombreuses à participer aux assemblées générales des entreprises. C'est bien le moins que l'on puisse exiger de la part d'investisseurs dits actifs, qui sont aujourd'hui sommés de démontrer leur valeur ajoutée.

Les dispositifs touchant à la rémunération des dirigeants ainsi qu'au blocage des offres publiques sont passés à la loupe. En 2017, les gérants français ont rejeté en moyenne quatre résolutions sur dix en matière de rémunération, selon le bilan publié ce mardi par l'AFG, l'Association française de la gestion.

Dans le même temps, les grandes agences de conseil en vote comme ISS et Glass-Lewis n'hésitent pas à prendre des positions très tranchées contre les managements qui franchissent à leurs yeux la ligne jaune. Ces faiseurs d'opinion sont très largement suivis par les investisseurs. Enfin, les campagnes de fonds activistes commencent à rentrer dans les mœurs en Europe, et font largement écho aux préoccupations des gestionnaires traditionnels.

Alexandre Garabedian, Directeur de la rédaction de L'Agefi ed: ECH

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