Paris (awp/afp) - Le numéro un mondial des verres ophtalmiques, Essilor, a rassuré mardi le marché avec des ventes encourageantes au premier trimestre, et en prévoyant toujours une accélération graduelle de son activité cette année, où il compte fusionner avec l'italien Luxottica.

Le chiffre d'affaires du groupe a atteint 1,96 milliard d'euros, entre janvier et fin mars, en hausse de 10% sur un an et supérieur aux attentes du consensus d'analystes Factset qui tablait sur 1,78 milliard d'euros.

Cependant, à périmètre et taux de change constants, la progression de l'activité est nettement plus modeste (+2,4%), inférieure à l'objectif annuel du groupe d'une croissance organique comprise entre 3% et 5%.

"La performance du début de l'année est conforme à notre plan de marche annuel", a assuré Hubert Sagnières, le PDG d'Essilor, cité dans un communiqué.

Le groupe anticipe une montée en puissance de son activité et de sa rentabilité au fil des trimestres cette année.

Il a bénéficié sur le trimestre écoulé d'une forte contribution de ses acquisitions consolidées en 2016, notamment celle de MJS en Chine et de MyOptique Group en Europe.

Les effets de change ont aussi été favorables sur la période, reflétant principalement l'appréciation du dollar américain et du réal brésilien face à l'euro.

Ses ventes ont également été portées par un "raffermissement de la croissance aux Etats-Unis", qui avait été poussive l'an dernier, ainsi qu'en Chine, a souligné M. Sagnières.

A l'inverse, les performances de sa division solaire ("Sunglasses and Readers") sont restées mitigées: son activité doit quasi exclusivement sa forte hausse trimestrielle (+15,4%) à de la croissance externe. En organique (à taux de change et périmètre constants), l'activité a reculé de 2,2%.

C'est d'ailleurs la seule activité du groupe à avoir reculé au premier trimestre. Essilor a justifié ce repli par "une base de comparaison très défavorable" pour l'un de ses fabricants de verres pour des tiers, l'américain FGX International, qui avait bénéficié d'un important nouveau contrat en Amérique du Nord début 2016.

Cependant ce déclin avait été anticipé et ne devrait être que "ponctuel", selon le groupe, pariant sur une croissance organique de cette division comprise entre 5% et 9% à chacun des trois prochains trimestres, a précisé mardi son directeur général délégué, Laurent Vacherot, lors d'une conférence d'analystes.

- Grandes manoeuvres dans l'optique -

A la Bourse de Paris, le titre Essilor prenait 1% à 118,95 euros à 12H35 (10H35 GMT), faisant nettement mieux que l'indice CAC 40 qui prenait 0,25% à la même heure.

"Le rebond de l'activité d'Essilor dans ses deux plus gros marchés nationaux que sont les Etats-Unis et la Chine est rassurant" pour les investisseurs, tout comme la promesse d'une reprise dans sa division solaire dès le deuxième trimestre, a estimé Cédric Rossi, analyste chez Bryan Garnier interrogé par l'AFP.

Le groupe a dévoilé en janvier son intention de fusionner d'ici la fin de l'année avec l'italien Luxottica, en vue de créer le leader mondial intégré de l'optique, à la fois numéro un des verres et des montures.

"Pour l'heure nous ne voyons pas de dommages collatéraux majeurs sur nos ventes" liées à ce projet, a déclaré M. Vacherot, alors que cela pourrait inciter des concurrents d'Essilor à tenter d'attirer ses clients ou de s'unir à leur tour.

Ce projet a toutefois déjà enclenché un mouvement de grandes manoeuvres dans le secteur: en mars le groupe de luxe suisse Richemont et le français Kering Eyewear ont décidé de s'associer pour produire et commercialiser des lunettes Cartier, et en février LVMH a annoncé une coentreprise avec le fabricant italien de lunettes Marcolin.

La combinaison d'Essilor et de Luxottica sera "bénéfique pour les consommateurs comme pour tous les acteurs de l'industrie", en améliorant la distribution et en apportant plus d'innovation au meilleur prix, a encore affirmé M. Vacherot.

La réalisation de ce mariage dépend encore du feu vert décisif des actionnaires d'Essilor, appelés à se prononcer lors de l'assemblée générale du groupe le 11 mai, et de l'approbation de différentes autorités de la concurrence.

afp/rp