Le groupe immobilier français spécialisé dans les centres commerciaux, qui dit avoir pris connaissance des récentes rumeurs concernant un éventuel rapprochement avec Hammerson, a annoncé avoir fait "une offre indicative et amicale" au conseil d'administration de Hammerson, immédiatement rejetée par celui-ci.

Le secteur des centres commerciaux doit se transformer rapidement et accroître sa diversification géographique pour s'adapter aux nouveaux modes de consommation et continuer à attirer les clients face à la concurrence du commerce en ligne et des grands groupes du e-commerce comme l'américain Amazon.

Klépierre dit avoir proposé le 8 mars un prix de 615 pence par action ordinaire. Cela représente une prime de 35% par rapport au cours de clôture de 454,80 pence de Hammerson le 7 mars.

"Le conseil d'administration de Hammerson a rejeté la proposition le 9 mars 2018, moins de 24 heures après l'avoir reçue", précise la société foncière dans un communiqué.

"Une nouvelle annonce sera faite ultérieurement si et lorsque cela sera jugé approprié", ajoute le groupe français.

Hammerson a de son côté estimé que l'offre - en numéraire et en titres Klépierre - sous-évaluait "de manière importante" sa valorisation.

"L'approche de Klépierre est non sollicitée et complètement opportuniste quant au moment choisi", a déclaré Hammerson dans un communiqué.

DOUTES SUR LE RACHAT D'INTU PROPERTIES

A la Bourse de Londres, Hammerson gagne 23,679% à 14h, à 540,6 pence, après un plus haut à 560 pence en début de séance.

Hammerson avait clôturé à 437,10 pence vendredi et affichait une perte de 18% depuis l'annonce, le 6 décembre, du projet de rachat de son concurrent britannique Intu Properties.

Jefferies relève dans une note que la faiblesse du titre avait de quoi susciter l'attrait d'un candidat repreneur opportuniste.

A Paris, l'action Klépierre cède 3,86% à 33,42 euros, les investisseurs redoutant que le groupe français ne soit entraîné vers une coûteuse surenchère.

"Le marché s’inquiète du prix et de l’offre rejetée en l’état par Hammerson", commente Sylvain Navarro, responsable de la Vente Marchés secondaires chez Invest Securities.

"Klépierre a proposé 615 pence, soit plus que le dernier cours mais moins que l’ANR (actif net réévalué) triple net de Hammerson (725 pence)", souligne-t-il.

Chez Natixis, Pierre-Edouard Boudot note que "le marché est assez frileux sur le M&A actuellement dans le segment des centres commerciaux, comme l’a démontrée la réaction boursière d’Unibail-Rodamco après l’annonce du rachat de Westfield".

Unibail-Rodamco avait nettement baissé en Bourse le 12 décembre lorsqu'il avait annoncé le rachat de son concurrent australien Westfield pour 15,7 milliards de dollars américains (13,32 milliards d'euros).

Hammerson a pour sa part accepté en décembre d'acquérir son concurrent Intu Properties pour quelque 3,4 milliards de sterling par échange de titres, un projet qui augmenterait son exposition au marché britannique et est donc mal perçu par ses actionnaires à l'heure du Brexit.

La proposition faite par Klépierre s'entend dans le périmètre actuel de Hammerson, soit sans reprise d'Intu, et est de nature à susciter des doutes sur une opération déjà contestée outre-Manche.

Hammerson a précisé dans son communiqué qu'il restait pleinement engagé dans l'acquisition d'Intu.

Conformément à la réglementation britannique, Klépierre devra annoncer au plus tard le 16 avril à 17h soit son intention ferme de déposer une offre sur Hammerson soit sa renonciation.

(Dominique Rodriguez, avec Blandine Hénault et Pascale Denis, édité par Marc Joanny)

Valeurs citées dans l'article : Klépierre, Hammerson