Washington (awp/afp) - Un cabinet d'avocats américain étudie une possible plainte contre le géant des microprocesseurs Intel après la vente par son PDG d'actions alors qu'il aurait pu être déjà au courant d'une faille de sécurité dans certains produits du groupe.

Le cabinet Rosen Law Firm, spécialisé dans les plaintes d'investisseurs, a indiqué lundi qu'il étudiait la possibilité de lancer une plainte en nom collectif après qu'Intel "a pu publier des informations potentiellement fausses à destination des investisseurs".

Le cabinet s'appuie notamment sur la révélation la semaine dernière que des failles dans les microprocesseurs fabriqués ces dix dernières années par Intel pouvaient représenter un risque pour les ordinateurs qui en sont équipés. Intel avait nié le lendemain que ces failles, dénommées Spectre et Meltdown, provenaient d'un défaut de conception tout en reconnaissant leur existence.

Intel avait alors indiqué avoir commencé à diffuser un correctif pour y remédier alors que d'autres fabricants de microprocesseurs comme ARM et AMD ainsi que des géants de l'internet comme Microsoft, Amazon, Apple, Google ou Mozilla faisaient de même.

La révélation de ces failles avait provoqué une baisse du titre Intel en Bourse de quelque 5% entre le 3 et le 5 janvier.

Selon le cabinet Rosen, "le PDG d'Intel (Brian Krzanich ndlr) a vendu environ la moitié des actions qu'il possédait plusieurs mois après avoir appris l'existence de failles critiques dans les milliards de microprocesseurs et ne détient plus maintenant que le nombre minimum d'actions qu'il est réglementairement en droit de détenir".

Selon le Wall Street Journal lundi, les ventes d'actions ont eu lieu le 29 novembre "près de six mois après qu'Intel a été informé des failles".

Celles-ci avaient été identifiées par des chercheurs de Google qui en avaient informé Intel mais l'information avait été tenue secrète le temps de mettre au point les correctifs nécessaires pour y pallier.

Toujours selon le quotidien économique américain, qui s'appuie sur des documents boursiers, M. Krzanich a vendu pour 39 millions de dollars d'actions Intel, dégageant un profit de 25 millions de dollars. Des juristes interrogés par le Wall Street Journal font état de leur étonnement devant le calendrier de ces cessions.

Ils rappellent que les règles établies par le gendarme de la Bourse américaine (SEC) interdisent aux responsables d'entreprises cotées de vendre leurs actions lorsqu'ils ont connaissance d'informations qui pourraient peser sur le cours de l'action.

Interrogé par l'AFP sur ces informations, Intel n'avait pas réagi vers 17H30 GMT.

afp/rp