MILAN, 11 janvier (Reuters) - Le soudain changement stratégique opéré par Intesa SanPaolo, qui envisage désormais de céder son activité de recouvrement de créances et un portefeuille de prêts non performants, est dû au durcissement de la ligne de conduite fixée par la Banque centrale européenne (BCE) en matière de crédits en souffrance, ont rapporté jeudi des sources proches du dossier.

La banque italienne a dit mercredi discuter de cette éventuelle vente avec la société suédoise spécialisée Intrum Justitia.

Ces déclarations ont marqué un changement de stratégie pour l'établissement bancaire qui avait créé en 2014 sa filiale de recouvrement, appelée Capital Light Bank, et comptait sur elle pour améliorer ses collectes et éviter de coûteuses cessions de créances douteuses.

L'une des sources a dit qu'Intesa ne céderait qu'une partie de son activité de recouvrement de créances, qui emploie 800 personnes.

Plusieurs sources ont indiqué que la perspective d'un durcissement de la réglementation européenne en matière de créances douteuses et le discours intransigeant de la BCE avait poussé Intesa à changer de stratégie.

La BCE n'a pas souhaité commenter ces informations.

Selon un banquier, la BCE demande aux banques italiennes de ramener leur ratio de créances douteuses à moins de 10%, et à un niveau pas trop éloigné des 4,5%, soit la moyenne de celui des autres établissements européens.

Le ratio de créances douteuses d'Intesa s'établissait à 13% à la fin septembre et la banque entend le ramener à 10,5% d'ici 2019. L'administrateur délégué Carlo Messina a déclaré que la banque pourrait améliorer son objectif dans le cadre d'un nouveau plan prévu pour février.

Giovanni Razzoli, analyste chez Equita SIM voit d'autres avantages à la décison d'Intesa. "Même indépendamment d'une éventuelle pression réglementaire, l'opération d'Intesa a beaucoup de sens d'un point de vue de gestion des capitaux", explique-t-il. "C'est une banque solide qui possède des investisseurs habitués à un flux constant de plus-values qui dopent la profitabilité et alimentent les dividendes."

"Il y a maintenant un fort appétit en Italie pour les activités de recouvrement de créances et Intesa peut tirer avantage du prix réellement élevé de tels actifs."

(Gianluca Semeraro et Valentina Za; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français) )

Valeurs citées dans l'article : UniCredit SpA, Intrum Justitia AB, Intesa Sanpaolo SpA