L'action a été attaquée pour la deuxième journée d'affilée et la capitalisation du troisième sidérurgiste nippon a fondu de près de 40%. Elle a perdu 18% ce mercredi après avoir dégringolé de 22% la veille.

Kobe Steel a admis mercredi la possibilité d'une falsification des données sur ses produits à base de poudre de fer et a précisé qu'il avait ouvert une enquête en interne à la suite des révélations de la presse.

Kobe Steel mène aussi des investigations sur Kobelco Research Institute, une filiale qui teste des produits pour lui-même et d'entres entreprises. Le quotidien financier Nikkei a écrit que Kobelco avait expédié à des clients des matériaux employés dans la fabrication des semiconducteurs sans les avoir vérifiés.

Le sidérurgiste avait déjà annoncé dimanche avoir falsifié des données de contrôles qualité afin que ses produits à base d'aluminium et de cuivre répondent aux cahiers des charges de ses clients de l'automobile, de l'aéronautique et de l'espace et de la défense.

Kobe Steel a fait savoir qu'il examinait d'autres cas de manipulation de données éventuels sur une période de 10 ans.

Il s'expose à des coûts liés à des rappels et remplacements de pièces, voire à des frais de justice notamment aux Etats-Unis où il est coté sous forme d'ADR (American Depository Receipts), observe Yuji Matsumoto, analyste de Nomura Securities.

Les révélations d'un trucage de données du pôle aluminium risquent d'entraver ses ambitions de développement en un moment où l'automobile substitue de plus en plus ce métal à l'acier pour se plier à de nouvelles règles écologiques plus strictes.

"L'aluminium est l'un des piliers à moyen terme de sa stratégie d'allègement des véhicules et cela aura à coup sûr une incidence négative sur son expansion", ajoute Matsumoto.

Toyota Motor, Ford Motor, Boeing et Mitsubishi Heavy Industries ont fait savoir qu'ils avaient ouvert leur propre enquête.

"Ce comportement inacceptable ébranle les fondations d'un commerce juste", a réagi mardi Kotaro Nogami, le secrétaire général adjoint du gouvernement, lors d'une conférence de presse de routine.

"Nous demandons à Kobe Steel de faire toute la lumière sur les causes (...) de faire ce qu'il faut pour que cela ne se renouvelle pas et de ne pas ménager ses efforts pour rétablir la confiance non seulement de sa clientèle mais de la société dans son ensemble".

Plusieurs gros scandales avaient déjà terni par le passé l'image d'un secteur industriel japonais jadis admiré et soulevé de graves questions de gouvernance.

Kobe Steel lui-même n'en est pas à sa première affaire. Le sidérurgiste avait fait savoir en juin 2016 qu'un affilié nommé Shinko Wire Stainless avait maquillé des données de tests pendant plus de neuf ans.

En 2006, Kobe Steel avait déclaré que son aciérie de Kakogawa, dans l'ouest du Japon, avait trafiqué les relevés des émissions de suie sur une période de cinq ans.

Le Nikkei écrit également que Kobe Steel envisage de vendre ses actifs immobiliers afin de consolider des finances qui étaient déjà fragiles et qui le sont encore plus avec ce scandale.

Kobe Steel a démenti, déclarant qu'il réfléchissait sur la marche à suivre.

Le sidérurgiste a été déficitaire sur les deux derniers exercices financiers mais il est censé renouer avec le bénéfice sur l'exercice en cours.

Le chiffre d'affaires du pôle aluminium et cuivre a diminué de 6,4% à 323,3 milliards de yens (2,4 milliards d'euros) sur l'exercice clos au 31 mars 2017, le bénéfice courant ayant lui chuté de 20,5% à 12 milliards de yens.

(Makiko Yamazaki, Hideyuki Sano, Yuka Obayashi et Kaneko Kaori, Catherine Mallebay-Vacqueur et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Joanny)