La baisse de l’US Dollar Index (qui abandonne 7,8% depuis le début de l’année), a contribué à soutenir les cours des matières premières, ou du moins à freiner leur baisse. En d’autres mots, bien que la faiblesse du billet vert ne constitue pas une justification unique aux initiatives acheteuses, elle représente néanmoins un environnement favorable à l’appréciation  du cuivre. 


Evolution du cours du cuivre et de l’US dollar Index
 
Cette idée peut parfaitement s’illustrer à l’aide de ce graphique, qui met en perspective l’évolution du dollar et du cuivre. Trois phases sont aisément identifiables. La première, qui s’étire de 2012 à 2015 (phase A), est marquée par une appréciation du dollar, qui a sensiblement pénalisé le cuivre (qui recule de 50% sur la période). Par la suite, une période transitoire d’une année (phase B) s’est caractérisée par une stabilisation des deux sous-jacents pour enfin introduire une troisième période en 2017 (phase C), qui transcrit la fin de l’appréciation du dollar au profit d’une remontée du prix du métal.

La question demeure de savoir si cette période va perdurer dans les prochaines années. Il convient ainsi de se tourner vers la politique monétaire américaine qui en donnera le tempo à travers le rythme de sa normalisation monétaire.  A priori, les marges de manœuvre de la FED sont étroites compte tenu du faible niveau d’inflation observé aux Etats-Unis. Autrement dit, l’Institution monétaire ne peut remonter rapidement ses taux. Plus concrètement, la probabilité d’une troisième hausse des taux en décembre diminue sensiblement (à 43%).

Au-delà des éléments liant taux de change et cours des matières premières, le cuivre dépend majoritairement de la conjoncture économique mondiale. La corrélation est tellement notable que le cuivre est assimilé à un baromètre de l’économie mondiale. En phase d’expansion, la demande de cuivre augmente compte tenu de ses diverses applications (industrielles, immobilier etc.) ce qui tire les cours à la hausse et réciproquement. Les attentes sont particulièrement cristallisées autour de la Chine, qui détient pas moins de 50% des parts du marché du minerai de cuivre. Les gigantesques besoins de métaux émanant du dragon sont donc attentivement scrutés. La Chine a par ailleurs dévoilé de bonnes données économiques, via notamment un PIB trimestriel qui s’est avéré plus solide que prévu à 6,9% (contre 6,8% anticipé).

Toutefois, la grande majorité des analystes s’attendent à un deuxième semestre moins vigoureux, et continuent de donner l’alerte sur le niveau inquiétant de l’endettement chinois. Pékin de l’entend pas de cette manière, en atteste l’initiative « One Belt, One Road », un projet d’envergure de construction de chaînes d’infrastructures afin de mieux connecter la Chine au reste du monde. Le but est d’affirmer la place de la Chine au sein du commerce mondiale en ouvrant un corridor terrestre du Pacifique à la mer baltique, mais aussi une route maritime de la soie qui irait de la Chine jusqu’à l’océan Indien en passant par l’Asie du Sud-Est. Il est cependant encore difficile de chiffrer l’impact de ce plan sur la demande de métal rouge.

Enfin l’évolution des stocks restera un thème central pour le deuxième semestre. Bon nombre d’opérateurs ont stocké du cuivre dès lors que les prix cash étaient plus faibles, pour les vendre à terme.  La structure des prix à terme en situation de contango (prix cash < prix à terme) permet de réaliser ces opérations qui rémunèrent les stocks, notamment pour les acteurs disposant des coûts de stockage les plus compétitifs. En conséquence, de nombreux stocks peuvent être rapidement mobilisés sur le marché, d’autant plus que la Chine reste assise sur une manne considérable.

D’un point de vue technique, en données hebdomadaires, le cours du cuivre semble vouloir amorcer un nouveau mouvement de relance en direction des 6400 USD la tonne. Les prix tentent effectivement de s’affranchir d’une zone de congestion grossièrement bornée entre 5450 et 6000 USD, ce qui permettrait une poursuite de la dynamique de rattrapage vers les plus hauts de 2015.