Tout d’abord, la demande, qui restait jusqu’à présent la grande inconnue de l’équation à l’appréciation des cours, présente clairement des signes positifs. La consommation mondiale de métaux industriels demeure vigoureuse, celle-ci étant grandement liée à la conjoncture économique internationale (à lire ici : Le baromètre mondial donne des signes d’agitation). Les observateurs révisent effectivement leur estimation de croissance mondiale à la hausse et se montrent optimistes quant à la situation économique de la plupart des grandes économies émergentes. Ce contexte haussier, bénéfique aux industries minières, se ressent notamment dans l’évolution des PMI manufacturiers, en constante hausse depuis 2016 (à lire ici : Un environnement propice au stock-picking). Par ailleurs, la Chine continue d’alimenter la reprise du commerce mondial. L’ogre chinois étant de loin le plus gros consommateur de métaux industriels au monde, sa bonne santé constitue un bon terreau à une embellie de la demande.
Il convient aussi de s’intéresser à l’offre et plus particulièrement à l’organisation des différentes filières de ces industries minières. Celles-ci répondent généralement au même schéma. La longue chute des cours des métaux industriels a sensiblement affecté les groupes miniers, qui n’ont pas eu d’autres choix que de réaliser de nombreuses opérations de cessions d’activités pour survivre et protéger leur marge. Les conséquences de ces plans de restructuration se ressentent aujourd’hui : alors que la demande se montre importante, les capacités productives des principaux producteurs sont aujourd’hui limitées, faute d’investissements suffisants. Dans ce contexte de déséquilibre entre l’offre et la demande, les prix opèrent en tant que variable d’ajustement.
De ce fait, la course aux grands projets miniers est lancée, à l’image des dépenses d’investissement qui se redressent globalement cette année. Les pays producteurs entendant doper leur production minière. Le Chili souhaite par exemple augmenter sa production de cuivre de 20% dans la prochaine décennie tandis que le Pérou reste déterminé à doubler sa production d’ici 2021. Dans ce cadre, il est évident que la tendance sera à la concentration sectorielle. Les acteurs de demain opèrent ainsi discrètement aujourd’hui pour répondre aux prochains défis majeurs, notamment définis par la mutation des industries électroniques et automobiles.
L’évolution de la structure des prix à terme est à l’image de ce nouvel environnement. Les structures dites en contango, en vigueur sur le marché du cuivre, du plomb ou encore de l’aluminium, tendent à se contracter. Ce type de structure se définit par des prix cash inférieurs aux prix à terme et caractérise les marchés où la matière première demeure abondante. Un contango qui se réduit revient simplement à dire que le spread entre le prix cash et le prix à terme se contracte, dévoilant un déséquilibre entre l’offre et la demande physique du sous-jacent. Si le contango se contracte davantage, celui-ci peut tout à fait basculer vers une structure en backwardation (où le prix cash > prix à terme). Cela serait riche de sens dans la mesure où les opérateurs devront payer une prime physique pour obtenir la matière première rapidement, alimentant in fine le sentiment ambiant de pénurie. Ce type de structure des prix à terme, en backwardation, est déjà présent sur le marché de l’étain et du zinc et celle-ci tend à s’aggraver (voir graphique ci-dessous).
Evolution de la structure des prix à terme du zinc - source : Bloomberg
Evolution du cuivre en données hebdomadaires – source : zonebourse.com
Le cours du cuivre évolue par pallier. Après s’être extirpé de sa zone de consolidation bornée par la ligne des 6000 USD la tonne, les prix ont rapidement atteint le niveau pivot des 6400 USD. Celui-ci fait désormais office de support, et la dynamique restera haussière tant que ce dernier tiendra.
Evolution du cours de l’aluminium en données hebdomadaires – source : zonebourse.com
Le cours de l’aluminium évolue depuis 2016 au sein d’un canal haussier à la pente significative. La ligne des 2130 USD bloque pour le moment la progression des prix. Les acheteurs devront s’en affranchir pour pouvoir viser la prochaine résistance à 2330 USD.
Evolution du cours du plomb en données hebdomadaires – source : zonebourse.com
Evolution du cours du nickel en données hebdomadaires – source : zonebourse.com
Evolution du cours de l’étain en données hebdomadaires – source : zonebourse.com