Les membres de l’OPEP se réunissent aujourd’hui à Jeddah, en Arabie Saoudite, en prévision de leur réunion officielle prévue en juin à Vienne avec les pays extérieurs au cartel. Il y sera question de l’éventuel prolongement de leur coopération après 2018 et de la réduction de la production de pétrole, conformément à l’accord signé en 2016.

Toutefois, le ministre de l’Energie des Emirats Arabes Unis, Souhaïl ben Mohamed el Mazroui, précise qu’il est trop tôt pour dévoiler de quelle manière cette coopération serait prolongée et si la gestion actuelle serait conservée, même si la majorité semble favorable. Cet optimisme s’est fait ressentir sur les marchés ces derniers jours, quoique mesurément aujourd’hui.

Plus haut niveau depuis 2014

Après l’effondrement des prix fin 2014, le prix du baril de Brent retrouve son plus haut point à 74,4 USD et 69,27 USD pour le brut léger américain (WTI).  Les Emirats ont d’ailleurs tout intérêt à ce que le prix du baril atteigne 80 voire 100 USD, pour favoriser la future introduction en Bourse de leur compagnie nationale d’hydrocarbures, Saudi Aramco. Ce sont en tout cas les rumeurs qui circulent cette semaine sur le marché.
 

 
En parallèle, l'Agence américaine d’information sur l’énergie a hier fait état de stocks hebomadaires de pétrole plus bas que prévu aux Etats-Unis. Tandis que les estimations planchaient sur une augmentation de 450 000 barils, les réserves d’essence ont plongé de près de trois millions de barils. Et si les stocks de brut en baisse, les vannes sont grandes ouvertes depuis 2010, au point que les américains sont devenus le second producteur mondial de pétrole.
 
Restons prudents

L'évolution des cours du baril a fait réagir jusqu'à Donald Trump, sur Twitter évidemment. Le prix du baril est "artificiellement trop élevé" et cela "ne sera pas toléré", a-t-il déclaré au réveil (soit au milieu de la journée en Europe).

Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, est de son côté prudent face aux évolutions de court terme, en rappelant "l’énorme volatilité" du marché de l'or noir. Le contrôle de la production n'est pas une science exacte. Une belle hausse des cours pourrait inciter les producteurs de pétrole de schiste américain à augmenter leur production... ce qui ne ferait pas les affaires de l’OPEP.

L’OPEP en déclin

Avec l’intégration de la Russie aux négociations, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole ne peut masquer qu'elle a besoin d'alliés pour imposer ses vues, contrairement à la situation qui a longtemps perduré. Certains analystes envisagent même la possibilité de voir la Russie entrer dans le cartel en tant que membre quasi-permanent, notamment depuis le rapprochement entre Poutine et le roi Salmane d’Arabie Saoudite fin 2017.

En effet, la Russie est forte de son statut de premier producteur de brut mondial, tandis que l'Arabie Saoudite reste le premier exportateur du monde. En solo, les deux producteurs sont déjà puissants, mais ensemble, ils deviennent incontournables. Cette collaboration au sommet pourrait redorer le blason de l’organisation qui domine le marché mondial depuis 1960.