Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le bal des trimestriels en passe de s'achever aux États-Unis a montré les vertus des publications controversées de résultats en normes non-GAAP ("Generally accepted accounting principles").

Ces normes, qui excluent les éléments exceptionnels, sont censées offrir aux investisseurs une image plus fidèle des performances opérationnelles des entreprises. Mais elles ne reposent sur aucun standard, si bien que nombre de sociétés sont soupçonnées de les utiliser afin de donner au marché une image plus flatteuse de leurs résultats.

La saison des résultats du quatrième trimestre 2017 aurait toutefois été très difficile à décrypter sans l'aide des normes non-GAAP. Et ce, en raison de la réforme fiscale adoptée par le Congrès américain en décembre, qui s'est traduite par de très importants éléments exceptionnels dans les comptes des sociétés.

La plupart des banques ont ainsi déprécié la valeur de leurs actifs d'impôts différés, afin de tenir compte de l'abaissement du taux d'imposition des sociétés prévu par la réforme fiscale, de 35% à 21%. Wells Fargo, qui disposait de passifs d'impôts différés, a au contraire enregistré un produit exceptionnel, de 3,4 milliards de dollars, lié à la réforme de la fiscalité.

Des résultats beaucoup moins volatils en normes non-GAAP

Selon le fournisseur de données financières FactSet, cette réforme a provoqué une chute de 44% en moyenne des résultats publiés en normes GAAP par les entreprises composant l'indice Dow Jones Industrial Average (DJIA) au titre des trois derniers mois de 2017. Plus de la moitié (57%) des sociétés du DJIA ont même fait état de variations de 100% au moins de leur bénéfice par action publié en normes GAAP. Quand les comptes n'ont pas purement et simplement viré au rouge, comme chez Goldman Sachs, American Express, Johnson & Johnson ou encore Coca-Cola (>> fiche valeur). Des situations financières en apparence alarmantes alors que les entreprises en question sont loin d'être sur le point de mettre la clé sous la porte.

A l'opposé, seulement 11% des comptes rapportés en normes non-GAAP se sont traduits par des variations égales ou supérieures à 100%. Le groupe pharmaceutique Pfizer a par exemple vu son bénéfice par action augmenter de 31,9% en normes non-GAAP alors qu'il a explosé de 1583% en normes GAAP, sous l'effet de la réforme de la fiscalité.

"L'évolution des bénéfices par action publiés en normes non-GAAP s'est avérée moins volatile et a offert un meilleur reflet des performances opérationnelles des entreprises que leurs publications en normes GAAP", souligne FactSet.

Mais cet effet de la réforme fiscale n'étant qu'un "one shot", il y a fort à parier que les détracteurs des normes non-GAAP retrouvent de leur voix dès la prochaine saison des trimestriels.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones; 33 (0)1 41 27 48 14; clejoux@agefi.fr ed : ECH