Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Après avoir baissé en 2016 puis stagné cette année, le marché américain des fusions-acquisitions devrait repartir à la hausse en 2018. Baker McKenzie table sur 1.500 milliards de dollars de transactions l'an prochain en Amérique du Nord, soit une hausse de 25% par rapport à 2017, année qui devrait s'achever sur 1.300 milliards de dollars d'opérations, comme en 2016, selon le cabinet.

A l'origine de cet optimisme : l'atténuation des incertitudes relatives à la politique de la nouvelle administration américaine. En 2016, dans l'ignorance de l'identité du successeur de Barack Obama à la Maison-Blanche, les dirigeants d'entreprises avaient levé le pied sur la croissance externe. Ils sont demeurés prudents cette année, attendant d'y voir plus clair sur la politique de relance budgétaire promise par Donald Trump.

"Il y a eu moins de très grosses opérations en 2017, supérieures à 100 milliards de dollars. La stagnation du marché résulte également des incertitudes liées au projet de réforme de la fiscalité américaine. Mais les fondamentaux du marché des fusions-acquisitions aux Etats-Unis demeurent robustes, et l'année 2017 reste dans l'ensemble un très bon cru", relativise Jean-Baptiste Charlet, co-directeur de la division banque d'investissement de Morgan Stanley en France.

La réforme fiscale, un stimulus supplémentaire pour les M&A

Après moult rebondissements, la Chambre des Représentants et le Sénat se sont accordés vendredi sur le projet de réforme de la fiscalité, ouvrant la voie à son adoption d'ici à Noël. Ce texte prévoit notamment de ramener le taux de l'impôt sur les sociétés de 35% à 21% dès 2018 et de réduire à 15,5% la taxation des bénéfices dégagés à l'étranger. "Le projet de réforme fiscale apportera un stimulus supplémentaire au marché des fusions-acquisitions aux Etats-Unis. La baisse des taux d'imposition et une incitation à rapatrier les liquidités donneront aux entreprises américaines plus de capacité à mener des opérations stratégiques, mais elles disposent déjà de beaucoup de trésorerie ", indique Jean-Baptiste Charlet, pour qui des "rachats d'actions et une hausse des dividendes sont (donc) aussi à attendre."

Le marché des M&A (mergers and acquisitions) aux Etats-Unis devrait en outre continuer à bénéficier d'une conjoncture favorable, avec une économie américaine appelée à croître de 2% à 2,5% au cours des deux prochaines années, selon Oxford Economics.

Les stratégistes de marché tablent par ailleurs sur une poursuite du rally de la Bourse de New York, ce qui maintiendra les valorisations des entreprises américaines à un niveau élevé, permettant aux vendeurs et aux acquéreurs de s'entendre plus facilement sur les prix de cession. De plus, la corrélation est historiquement forte entre les indices boursiers et l'activité du marché des M&A : lorsque les investisseurs font preuve de confiance dans l'avenir, les entreprises tendent à se montrer plus offensives en matière de croissance externe.

Les méga-transactions amorcent leur retour

Baker McKenzie observe d'ores et déjà "une accélération des fusions-acquisitions dans les derniers mois de 2017." Au cours de la seule journée de lundi, au moins cinq opérations ont été annoncées aux Etats-Unis : le groupe d'agroalimentaire Campbell Soup (>> Campbell Soup Company) a racheté le fabricant de snacks Snyder's-Lance (>> Snyder's-Lance Inc) pour 4,87 milliards de dollars, le chocolatier Hershey (>> Hershey Co) a acquis Amplify Snack Brands (>> Amplify Snack Brands Inc) pour 1,6 milliard de dollars, l'éditeur de logiciels Oracle (>> Oracle Corporation) a conclu un accord en vue du rachat de l'australien Aconex pour 1,2 milliard de dollars, le fabricant de dentifrices Colgate-Palmolive (>> Colgate-Palmolive Company) s'est emparé des marques PCA Skin et EltaMD, et l'opérateur de casinos Penn National Gaming (>> Penn National Gaming, Inc) a fait main basse sur son concurrent Pinnacle Entertainment (>> Pinnacle Entertainment, Inc), pour 1,87 milliard de dollars en numéraire et en actions.

Mieux, les méga-transactions semblent amorcer leur retour. La semaine passée, le groupe de médias et de divertissement Walt Disney (>> Walt Disney Company (The)) a fait part de son intention de racheter des actifs de 21st Century Fox (>> 21st Century Fox) pour 52,4 milliards de dollars. Début décembre toujours, le groupe pharmaceutique CVS Health (>> CVS Health) a signé un accord afin d'acquérir l'assureur-santé Aetna (>> Aetna Inc), au prix de 69 milliards de dollars. En novembre, le fabricant de semi-conducteurs Broadcom (>> Broadcom Limited) avait annoncé son projet de rachat de Qualcomm (>> Qualcomm) pour 130 milliards de dollars. Des opérations de bon augure pour les commissions des banques d'affaires.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (01) 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH