Francfort (awp/afp) - Le géant européen du transport aérien Lufthansa a de nouveau enregistré un bénéfice record en 2017, exercice marqué par la fin d'un long conflit avec ses pilotes et la disparition de son rival Air Berlin.

L'an passé,le transporteur allemand a dégagé un bénéfice net de 2,36 milliards d'euros, en hausse de 33% sur un an, un peu plus qu'escompté par les analystes.

Il s'agit des "meilleurs résultats de l'histoire de notre entreprise", s'est réjoui jeudi son patron Carsten Spohr lors de la conférence annuelle du groupe à Francfort. Le quinquagénaire vient de voir son contrat à la tête de Lufthansa prolongé de 5 ans, jusqu'à fin 2023.

Comme escompté, la finalisation en décembre d'un accord avec les pilotes, après une dizaine de mouvements de grève, a engendré un effet exceptionnel positif de 580 millions d'euros sur les comptes du Lufthansa.

Cet accord sur les salaires et le système de retraite d'entreprise, valable pour quelque 5.400 pilotes du groupe, a fait bondir de près de 70%, à 2,97 milliards d'euros, le bénéfice d'exploitation Ebit ajusté de certains éléments exceptionnels, mesure de référence chez Lufthansa.

La maison mère des compagnies Lufthansa, Eurowings, Swiss, Brussels et Austrian Airlines a également profité d'une hausse du prix des billets, de la consolidation dans ses comptes de Brussels Airlines (rachetée fin 2016) et d'une embellie dans le fret.

Ses recettes ont progressé d'environ 12% à 35,6 milliards d'euros, tirées aussi par la hausse de la demande dans le sillage de la faillite d'Air Berlin, la deuxième compagnie allemande, qui a mis la clé sous la porte à l'automne.

EFFET AIR BERLIN

En 2017, le groupe de 120.000 salariés a transporté environ 130 millions de passagers.

"Nos avions n'avaient jamais été aussi remplis", a affirmé M. Spohr. La disparition du rival berlinois n'a cependant pas soutenu le bénéfice opérationnel du groupe Lufthansa. Le patron parle d'un "effet neutre" en 2017 en raison du coût des mesures d'urgence pour transporter plus de passagers.

Lufthansa a mis la main sur une partie des activités de la compagnie berlinoise mais a dû renoncer à reprendre Niki, filiale autrichienne d'Air Berlin, face aux réticences de la Commission européenne.

Ces avions vont être intégrés pour l'essentiel à Eurowings, compagnie à bas coûts du groupe Lufthansa, une intégration qui devrait engendrer des coûts en 2018 mais avoir "un effet positif" sur le bilan de Lufthansa en 2019, a détaillé M. Spohr.

Le dirigeant a de nouveau défendu la nécessité de la consolidation du secteur aérien en Europe, dans laquelle il entend continuer à jouer un "rôle actif". Il est l'un des intéressés à une reprise -partielle- de la compagnie italienne en déconfiture, Alitalia.

OBSTACLES EN 2018

Malgré une stabilisation des prix des billets et une réduction accrue de ses coûts unitaires attendues l'an prochain, Lufthansa ne prévoit pas de faire aussi bien en 2018.

Le groupe table ainsi sur un bénéfice Ebit ajusté "légèrement inférieur" à celui de 2017, en raison de 700 millions d'euros de coûts de kérosène supplémentaires.

Confronté en Allemagne à une montée en puissance des concurrents à bas coûts Easyjet et Ryanair, le transporteur prévoit d'accroître ses capacités globales. L'essor sera notable chez Eurowings, à qui revient la majorité des 77 avions (sur 144) de l'ancienne flotte d'Air Berlin.

Eurowings devrait recenser environ 210 appareils en 2019, ce qui en fera la deuxième compagnie du groupe derrière Lufthansa.

La direction a décidé de choyer les actionnaires, déjà ravis par le doublement du cours de l'action en 2017, en leur proposant un dividende de 80 centimes d'euros, en hausse de 60% sur un an.

A la Bourse de Francfort, à 13H00 GMT, l'action Lufthansa gagnait 1,79% à 26,67 euros sur un indice Dax en hausse modérée.

afp/jh