Kloten (awp) - La compagnie aérienne Swiss est parvenue l'année dernière à améliorer ses ventes et la rentabilité, grâce à un meilleur taux d'occupation autant dans le transport de passagers que du fret, a annoncé jeudi la filiale de l'allemand Lufthansa. L'augmentation des prix du pétrole et la concurrence féroce dans le ciel devraient cependant péjorer les résultats en 2018. Les efforts déployés pour redresser l'activité à Genève commencent à porter leurs fruits.

La performance financière de l'année 2017 ont été "l'une des meilleures dans l'histoire de Swiss (...), ce résultat me réjouit", a lancé le directeur général (CEO) Thomas Klühr, lors d'une conférence de presse au siège de la société à Kloten.

La compagnie nationale a bénéficié de conditions cadres clémentes l'exercice précédent, avec l'affaiblissement du franc, le recul des prix du pétrole, une solide conjoncture dans la zone euro et l'absence de chocs géopolitiques. Ces éléments ont contribué au solide résultat financier.

Dans le détail, la compagnie à la croix blanche a dégagé sur les 12 mois de l'exercice écoulé un chiffre d'affaires en hausse de 3,2% à 4,95 mrd CHF en 2017, tandis que son résultat d'exploitation (Ebit) a bondi de 31% à 561 mio. La marge opérationnelle - mesurant le rapport entre le résultat d'exploitation et le chiffre d'affaires - s'est établie à 11,3%, en hausse de 2,4 points et supérieure à l'objectif des 8% visés.

En matière de rentabilité, l'entreprise a profité d'avions plus grands et moins gourmands en kérosène - notamment le Boeing 777-300ER pour les vols long-courriers -, de prix du pétrole en baisse et d'une "gestion rigoureuse des coûts". Selon Swiss, ce contexte a permis de réaliser "l'un des meilleurs résultats de son histoire".

Au delà de la performance financière, le CEO a souligné l'importance de dépasser l'objectif de marge Ebit de 8% "sur une période plus longue".

M. Klühr estime que la société sera en mesure de dépasser de nouveau cet objectif en 2018, "et cela est plus important que des résultats records sur une année", a-t-il insisté.

GENÈVE RELÈVE LA TÊTE

Les perspectives immédiates s'annoncent moins roses, la compagnie helvétique s'attendant en 2018 à un Ebit ajusté "légèrement inférieur à celui de 2017". Le transporteur s'attend à souffrir de la hausse du prix des matières premières et d'une concurrence "exacerbée". Des chiffres prévisionnels détaillés n'ont pas été dévoilés.

Concernant le secteur aérien dans son ensemble, la patron a dit s'attendre à ce que "la concurrence reste très dure, (...) la consolidation n'est pas terminée et va se poursuivre". Dans ce contexte, Swiss bénéficie d'une bonne situation en tant que filiale du géant allemand Lufthansa.

Les revenus par ticket sont en chute depuis plusieurs années et la pression va se maintenir, de l'aveu du patron de Swiss. "Nous ne nous attendons pas à ce que les prix remontent, car la concurrence demeure forte", a-t-il précisé.

A Genève, la situation de Swiss est en train de s'améliorer. Encore fortement déficitaire il y a quelques années - de l'ordre d'"un montant en millions dans la fourchette moyenne à deux chiffres" selon la direction - la société a redressé la barre et s'attend à renouer cette année avec les bénéfices. "Il ne manque plus grand chose pour atteindre l'équilibre", a estimé M. Klühr.

La compagnie a été longtemps pénalisée à l'aéroport de Cointrin par la forte concurrence des compagnies à bas-coût, d'appareils peu rentables - depuis remplacés par les C-Series de Bombardier - et un réseau court-courriers insuffisamment adapté à la demande. Swiss a depuis remédié à ces manques et commence à récolter les fruits de ses efforts, de l'aveu de la direction.

"Il est important que nous soyons présents à Genève", a insisté M. Klühr. Revenant sur ses propos tenus récemment dans la presse, où il avait évoqué que la maison mère Lufthansa pourrait implanter à Cointrin sa compagnie à bas-coûts Eurowings en cas d'échec du redressement de Swiss, le CEO a souligné que ce risque s'éloignait.

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