Olivier Pinaud,

L'Agefi

PARIS (Agefi-Dow Jones)--La surabondance de liquidités et la recherche de rendement ont provoqué un embouteillage de fusions-acquisitions dans le secteur des parkings, bonne source de cash-flows. En moins d'un an, trois des principaux opérateurs mondiaux de parcs de stationnement ont changé de mains: l'espagnol Empark a été acquis par un fonds de Macquarie, le britannique National Car Parks est passé sous la coupe du japonais Park24 et KKR s'est emparé du néerlandais Q-Park. La liste aurait pu être plus longue sans le revirement récent d'Ardian et de Crédit Agricole Assurances qui ont finalement renoncé à vendre Indigo. L'espagnol Saba, détenu par KKR, Torreal et ProACapital, fait également partie des candidats présumés à une cession.

Conjuguée à la pénurie d'actifs d'infrastructures à vendre, cette accumulation d'intérêts acheteurs s'est mécaniquement ressentie dans les valorisations. Selon une étude récente de S&P, les actifs se sont échangés à des multiples compris entre 13 et 15 fois l'Ebitda, augmentant le recours à l'endettement. L'agence de notation souligne par exemple que le fonds MEIF 5 de Macquarie a actionné un levier de 7,5 fois l'Ebitda pour s'emparer d'Empark. "Du fait de taux d'intérêt faibles, l'augmentation de la dette d'acquisition a un plus faible impact sur le ratio de couverture des intérêts que sur le levier financier", admet S&P, mais cela"soulève un risque de refinancement dans le futur".

D'autant que selon l'agence de notation, le secteur des parkings n'est pas une assurance tousrisques contre les chocs économiques. Certes, à la différence des concessions autoroutières, ses revenus sont moins liés à la croissance du PIB. Mais un groupe comme Indigo, fortement présent à Paris, a tout de même ressenti le contrecoup des attentats. Le risque de non-renouvellement d'une concession est également plus fort dans les parkings que dans les autoroutes. Enfin, S&P souligne que tous les modèles économiques ne se valent pas. Indigo, qui fonctionne avec des concessions, offre une bonne visibilité sur ses cash-flows, ce qui est moins le cas pour Apcoa et NCP qui opèrent via des contrats de management.

Jusqu'à présent, les investisseurs semblent peu sensibles à ces risques. Apcoa a lancé ces derniers jours le refinancement des 350 millions d'euros de dette émise en mars dernier. Et son actionnaire Centerbridge en profite pour ajouter 30 millions supplémentaires qui lui remonteront directement dans la poche sous forme de dividende.

-Olivier Pinaud, L'Agefi. ed: ECH