Pékin (awp/afp) - Le géant technologique chinois LeEco, qui avait annoncé mi-2016 vouloir racheter le fabricant américain de téléviseurs Vizio pour 2 milliards de dollars, a renoncé à l'opération en raison de "blocages réglementaires", un revers cuisant pour ses ambitions internationales.

Dirigé par le milliardaire chinois Jia Yueting, LeEco entendait avec cette acquisition étendre sa présence aux Etats-Unis, alors qu'il gère déjà en Chine un populaire service de télévision en ligne.

Mais l'acquisition, dont la finalisation restait suspendue au feu vert des autorités de régulation, "ne va pas avoir lieu en raison de difficultés réglementaires", a annoncé LeEco lundi dans un communiqué commun avec Vizio.

"Nous continuons de croire qu'il existe de grandes synergies entre nos deux entreprises, et sommes ravis d'annoncer que Vizio et LeEco sont parvenus à un accord (de coopération) qui leur profitera à tous deux", poursuit le texte.

Les deux firmes envisagent ainsi d'incorporer une application et des contenus de LeEco à l'offre de Vizio, tout en introduisant en Chine les produits du fabricant américain.

C'est néanmoins un revers dans l'agressive stratégie d'internationalisation du groupe.

Spécialisé à l'origine dans l'offre de vidéos en ligne, le groupe s'est rapidement diversifié dans les voitures autonomes, les vélos connectés, les droits de diffusion sportifs, les smartphones, le cinéma ou encore la fabrication de téléviseurs.

L'an dernier, après avoir annoncé en juillet son intention d'acquérir Vizio, LeEco avait lancé en octobre une grande offensive aux Etats-Unis avec l'objectif de s'attaquer aux marchés de Netflix, Apple, Amazon et Tesla.

Le groupe avait ainsi présenté à San Francisco des smartphones, des télévisions, un casque de réalité virtuelle et une voiture autonome, qu'il entend intégrer à un écosystème comprenant également des offres de vidéo.

Mais le tentaculaire conglomérat ne possède qu'une seule entité rentable: son service de vidéo à la demande LeShi.

Or, ses investissements tous azimuts, notamment dans l'onéreux développement d'une voiture autonome, ont nourri des inquiétudes sur son manque criant de liquidités, qui ont fait plonger de 36% en six mois son titre coté à Shenzhen au deuxième semestre 2016.

Le promoteur immobilier chinois Sunac a néanmoins dévoilé mi-janvier un investissement de 15 milliards de yuans (environ 2 milliards d'euros) dans des filiales de LeEco, pour sortir le géant de sa crise de liquidités.

Le renoncement au rachat de Vizio intervient par ailleurs alors que Pékin a décidé de restreindre les "méga-acquisitions" de ses entreprises à l'étranger, déclarant la chasse aux opérations "irrationnelles" jugées sans valeur ajoutée pour la Chine.

afp/al