Londres (awp/afp) - L'or est resté sous pression pendant l'essentiel de la semaine avant de rebondir en fin de semaine avec de mauvais chiffres de l'emploi aux États-Unis, qui ont apaisé les attentes d'une prochaine hausse des taux de la Fed.

Dans un premier temps, "l'or a continué a se trouver sous une forte pression au cours de la semaine, un phénomène totalement corrélé au retour soudain et inattendu des attentes concernant les taux américains cet été", a commenté Jameel Ahmad, analyste chez FXTM.

Le cours de l'once de métal jaune est ainsi tombé lundi à 1.199,75 dollars, son niveau le plus faible depuis mi-février.

La banque centrale américaine, la Réserve fédérale (Fed), a en effet récemment pris soin de relancer les attentes sur d'éventuelles hausses de taux en juin ou juillet, a priori favorables au dollar, alors qu'elle s'était montrée très prudente depuis le début de l'année.

La présidente de la Fed Janet Yellen avait confirmé vendredi dernier que la banque centrale américaine envisageait de resserrer progressivement sa politique monétaire dans les prochains mois, préparant les marchés à une hausse des taux peut-être dès le mois de juin.

Cette perspective a revigoré le dollar par rapport aux autres grandes devises, ce qui a mécaniquement pesé sur l'or. Ce dernier est en effet libellé dans la monnaie américaine, si bien qu'une appréciation du dollar le rend relativement plus cher pour les investisseurs munis d'autres monnaies.

Mais la tendance s'est renversée en fin de semaine, avec la publication de mauvais chiffres de l'emploi aux États-Unis vendredi.

Le taux de chômage y a en effet reculé en mai à son plus bas niveau en presque neuf ans mais les créations d'emplois ont été très faibles, décevant les analystes, selon les chiffres du département du Travail publiés vendredi. Les créations d'emplois se sont sévèrement affaiblies, tombant à 38.000, leur score mensuel le plus faible depuis septembre 2010.

Ce signe de mauvaise santé de l'économie américaine a aussitôt quelque peu apaisé les attentes d'une hausse des taux d'intérêt, affaiblissant dans la foulée le dollar et permettant à l'or de rebondir vigoureusement.

"C'est clairement un choc" et "les chiffres du jour ne sont pas du tout à même de rassurer la politique de normalisation économique du gouvernement américain", a commenté John Plassard chez Mirabaud Securities.

Le cours de l'or a ainsi bondi à 1.243,57 dollars l'once, au plus haut en 10 jours.

Pour l'avenir, certains analystes estiment toutefois que le métal précieux est désormais proche d'un pic.

"L'or a réalisé une des meilleurs performances cette année" par rapport à d'autres actifs mais "l'essentiel de son rebond est probablement terminé pour l'instant", estiment les analystes de UBS Wealth Management.

"Toutefois la marge de baisse pour l'or est limitée sur un horizon de douze mois", ajoutent-ils, citant l'inflation, le rebond des coûts d'extraction, ainsi que la croissance en Chine mais surtout en Inde.

L'argent, considéré comme une alternative bon marché à l'or, a suivi la tendance de celui-ci bien que de manière plus modérée. Le cours de l'once de métal gris est tombé mercredi à 15,82 dollars, son niveau le plus faible depuis mi-avril, mais a effacé ses pertes de la semaine vendredi suite à la dégringolade du dollar.

Les cours des métaux platinoïdes ont également tenté de se reprendre vendredi, aidés par l'accès de faiblesse du billet vert, mais la forte utilisation industrielle du platine et du palladium continuait d'être un frein pour les prix.

Le cours du platine est ainsi tombé vendredi à 954,60 dollars l'once, au plus bas en deux mois, avant d'amorcer une tentative de rebond.

Avec "le déclin du dynamisme des ventes automobiles aux États-unis (les platinoïdes sont utilisé dans la confection des pots catalytiques, ndlr) la demande pour ces métaux risque de faiblir", ont prévenu les analystes de Commerzbank.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.240,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.216,25 dollars le vendredi précédent.

L'once d'argent a clôturé à 16,10 dollars, contre 16,30 dollars il y a sept jours.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 979 dollars, contre 984 dollars sept jours plus tôt.

L'once de palladium a terminé pour sa part à 554 dollars, contre 546 dollars à la fin de la semaine précédente.

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