(Répétition sans changement d'une dépêche diffusée vendredi)

* Les doutes sur Trump ont favorisé une correction sur les actions et pesé sur le dollar

* Le Stoxx 600 signe sa plus mauvaise semaine depuis début novembre

* Une série d'indicateurs prévue cette semaine avant les rendez-vous des banques centrales en juin

* Réunion très attendue de l'Opep jeudi 25 mai

par Blandine Henault

PARIS, 22 mai (Reuters) - Avec peu de statistiques au programme, la fin de la saison des résultats et des valorisations élevées, les marchés d'actions étaient vulnérables la semaine dernière, et les remous politiques à Washington n'ont pas manqué de provoquer des prises de bénéfices.

L'agenda fourni en indicateurs économiques de cette semaine devrait toutefois remettre sur le devant de la scène des éléments plus fondamentaux des économies américaine et européenne avant les grands rendez-vous des banques centrales en juin. La réunion de l'Opep le 25 mai, au cours de laquelle pourrait se décider une nouvelle réduction de la production pétrolière, sera également un évènement phare des prochains jours.

Désormais écarté en Europe, le risque politique a refait surface aux Etats-Unis avec les multiples controverses autour du comportement et de la pratique présidentielle de Donald Trump. Au-delà des spéculations sur une destitution du président américain, qui reste peu probable pour le moment, les marchés ne croient plus guère à une mise en oeuvre rapide d'une grande réforme fiscale, de la dérégulation du secteur financier et d'un vaste plan de travaux d'infrastructures.

Ce constat s'est traduit par un regain d'aversion au risque accompagné d'un pic de volatilité, ce qui a pesé sur les marchés actions aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis. Le Stoxx 600 a accusé sa plus mauvaise semaine depuis celle au 4 novembre précédant l'élection de Donald Trump et le S&P 500 a enregistré sa deuxième semaine consécutive de repli.

Sur le marché des changes, le dollar a accusé son plus fort repli en une semaine depuis la fin avril 2016 et a effacé l'ensemble de ses gains depuis l'élection de Donald Trump le 8 novembre.

LE RISQUE TRUMP PEUT-IL PESER SUR LA FED ?

Les inquiétudes des investisseurs se matérialisent plus précisément aux Etats-Unis, où les incertitudes autour de Trump alimentent les doutes sur la vigueur de l'économie américaine et la normalisation en cours de la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed).

Selon le baromètre FedWatch réalisé par CME Group, la probabilité d'une hausse des taux de la Fed à l'issue de sa prochaine réunion des 13 et 14 juin est tombée vendredi à 78% contre 84% la semaine dernière, après un plus bas à 65% ces derniers jours.

"Ce serait une décision très risquée pour la Fed de relever ses taux d'intérêt alors que le paysage politique est instable", observe David Madden, analyste marchés chez CMC Markets.

Dans ce contexte, l'audition, prévue mercredi devant une commission du Sénat, de l'ancien directeur du FBI James Comey, limogé brutalement par Donald Trump, devrait être suivie avec attention par les opérateurs de marché.

La publication, le même jour, du compte rendu de la dernière réunion de la Fed début mai permettra par ailleurs de mieux saisir l'état d'esprit des membres de son comité de politique monétaire (FOMC).

Au début du mois, la Fed s'est montrée très optimiste sur la croissance américaine, estimant que le ralentissement observé au premier trimestre était "transitoire". Mais depuis, plusieurs indicateurs sont venus semer le doute, notamment sur l'inflation.

Néanmoins, les indicateurs publiés la semaine dernière sur les inscriptions hebdomadaires au chômage et l'activité économique dans le nord-est des Etats-Unis ont été supérieurs aux attentes et expliquent le léger redressement des anticipations de hausse des taux en fin de semaine. et

Vendredi, toutefois, James Bullard, le président de la Fed de St. Louis, a estimé que le scénario actuel de deux hausses de taux supplémentaires d'ici la fin de l'année pourrait être "trop audacieux".

Attendue vendredi, la deuxième estimation du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis pour le premier trimestre devrait fournir de nouvelles indications sur l'état de santé de l'économie.

AFFAIBLISSEMENT ATTENDU DES PMI EN ZONE EURO

En zone euro, les perspectives économiques restent au beau fixe, et l'appétit des investisseurs pour les actions se confirme: les fonds d'actions européennes ont bénéficié d'entrées nettes pour la huitième semaine consécutive alors que ceux dédiés aux actions américaines enregistraient une troisième semaine consécutive de rachats.

"Dans la zone euro, l'économie et les résultats des sociétés paraissent bien orientés, mais les données subjectives récentes pourraient être trop optimistes", prévient toutefois BNPP IP.

Les économistes de Credit Suisse s'attendent à ce que les indicateurs d'activité PMI en estimation flash pour le mois de mai, qui seront publiés mercredi, marquent le pas. "Aux niveaux actuels, les PMI sont cohérents avec un taux de croissance annualisé du PIB de près de 3%, ce qui n'est pas tenable sur la durée à notre avis", écrivent-ils.

Ces indicateurs devraient en tous cas être suivis avec attention par les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) en amont de leur réunion de politique monétaire du 8 juin. L'amélioration de la conjoncture en zone euro alimente les attentes sur un changement de discours de la BCE qui, pour l'heure, s'en tient à une approche très prudente.

UN RISQUE PÉTROLE ET ÉMERGENTS ?

Au-delà de la perspective des rendez-vous de politique monétaire en juin, les marchés pétroliers pourraient venir jouer les trouble-fête cette semaine, avec la réunion très attendue de l'Opep et des pays producteurs non membres du cartel le 25 mai, qui semble devoir déboucher sur une prolongation de l'accord de limitation de la production mondiale de pétrole.

Des incertitudes demeurent néanmoins sur les modalités de cet accord et sa capacité réelle à désengorger le marché. "L'ampleur des réductions de production (identiques ou plus importantes ?) et le calendrier de l'accord seront étudiés de près", indiquent les analystes de Scotiabank.

Les stratèges de Bank of America-Merrill Lynch préviennent que toute réduction trop importante de la production pourrait faire gagner des parts de marché au pétrole de schiste aux Etats-Unis, donc limiter l'impact sur les cours.

Dans la zone émergente, les investisseurs seront aussi attentifs à la crise politique au Brésil, où le président Michel Temer fait l'objet d'une enquête de la Cour suprême sur des accusations de corruption, ce qui pourrait venir freiner l'appétit marqué des investisseurs pour les actifs émergents depuis le début de l'année.

L'indice MSCI des marchés émergents a accusé la semaine dernière son premier repli hebdomadaire depuis un mois. (édité par Marc Angrand)