"Les salariés ont pris (cette décision), ne serait-ce que pour voir si Renault et Peugeot vont tenir leurs promesses", a déclaré l'avocat des salariés, mercredi, à la sortie d'une assemblée générale.

Le tribunal de commerce de Poitiers (Vienne) a accordé mercredi matin une prolongation d'un mois de la procédure de redressement judiciaire du site accordant ainsi plus de temps aux repreneurs pour formuler leurs offres. Ces dernières doivent être déposées au plus tard le 7 juin auprès du tribunal et seront analysées en audience le 23 juin.

"A 16h00, on a pris la décision de faire évacuer l'usine et les alentours pour que l'équipe de déminage se mette en oeuvre", a déclaré Jean-Louis Borie, précisant que la résolution avait été votée à l'unanimité.

"Il n'y a pas tellement de retard à rattraper en termes de commandes mais on souhaite assurer la facturation pour les entrées de trésorerie de juin (...). C'était une préoccupation de l'administrateur judiciaire."

Les salariés occupent le site de la Souterraine, dans la Creuse, depuis le 11 mai dernier et disent l'avoir "piégé" avec des bonbonnes de gaz et des bidons d'essence.

Ils souhaitaient faire pression sur Renault et PSA, les principaux donneurs d'ordres, pour qu'ils augmentent leurs carnets de commandes. A eux deux, les constructeurs automobiles français représentent les deux tiers du chiffre d'affaires de l'entreprise.

DEUX REPRENEURS POTENTIELS

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, qui avait fait de ce dossier une "priorité" du nouveau gouvernement, avait contacté dimanche le PDG de Renault, Carlos Ghosn, et le président du directoire de PSA, Carlos Tavares.

Suite à cet échange, PSA a décidé d'augmenter ses commandes de 10 à 12 millions d'euros, et Renault à les doubler pour les porter à 10 millions d'euros.

Deux repreneurs ont pour l'instant manifesté leur intérêt à travers des lettres d'intention. Il s'agit de la famille Frey, spécialiste de l'immobilier commercial et de l'industriel automobile GMD.

Pour l'avocat, aucun ne présente pour l'instant de solution idéale.

La famille Frey, qui ne détient pas d'expérience dans l'industrie automobile, "inquiète", dit Me Borie. "Les salariés de GM&S ont déjà fait affaires à des repreneurs financiers et cela ne s'est pas bien passé."

Le groupe, qui a investi dans le vin, a toutefois indiqué aux délégués syndicaux qu'il s'associerait avec un industriel de la région et conserverait 240 emplois sur les 277 que compte le site.

De l'autre côté, "l'offre de GMD, telle qu'elle est présentée, représente un haut risque", a dit l'avocat. "Ils veulent dépouiller l'entreprise de tous ses bijoux de famille."

L'industriel souhaiterait transformer l'usine en atelier d'emboutissage, ce qui limiterait considérablement le potentiel de production du site et ne permettrait d'engager qu'une centaine d'ouvriers, explique-t-il.

"L'offre peut être améliorée d'ici le 7 mai. On attend de voir."

L'administrateur judiciaire a également contacté le groupe italien Magnetto.

(Edité par Yves Clarisse)

par Caroline Pailliez

Valeurs citées dans l'article : Peugeot, Renault