"La volatilité a connu une envolée particulièrement hors norme au début du mois de Février ? En particulier, l’indice VIX qui mesure la volatilité sur le marché actions américain en se basant sur l’évolution du S&P 500 est passé de 13,5 au début du mois à 50,3 en séance le mardi 6 février, pour redescendre à près de 20 à présent. Quelle analyse en faites-vous ?
Il y a foncièrement une relation entre l’évolution de la courbe de la volatilité et la dynamique des fondamentaux économiques.
La réalisation d’une étude poussée par notre équipe à la fin de l’année dernière nous a amené à constater qu’historiquement un indice ISM manufacturier supérieur à 50, et en accélération, témoignant d’une situation d’expansion économique aux Etats-Unis, s’accompagnait d’une faible volatilité dans l’ensemble des classes d’actifs.
C’est typiquement la configuration qui a prévalu en 2017.
La perspective de voir un ralentissement du momentum économique aux Etats-Unis et une hausse des taux longs américains cette année laissait naturellement présager une hausse du régime de volatilité.
Ceci étant, au-delà d’une considération purement fondamentale, le brusque mouvement haussier de la volatilité observé le 5 février dernier a principalement été le résultat d’un phénomène technique lié à la structure du marché.

Que voulez-vous dire ?

En 2017, des positions vendeuses de volatilité ont proliféré du fait notamment de la liquidité foisonnante apportée par les banques centrales. De nombreux investisseurs se sont retrouvés pourvus d’un cash abondant et à la recherche de rendement, que pouvait procurer la vente de volatilité sur un marché ou elle baissait constamment depuis 2015. L’accumulation de ces positions a également conduit à un niveau exagérément bas de la volatilité.
La publication le 2 février dernier du rapport mensuel sur l’emploi américain, en faisant état d’une hausse des salaires plus importante qu’attendu, a exacerbé la crainte des investisseurs de voir une accélération de l’inflation aux Etats-Unis susceptible de pousser la Réserve fédérale américaine à relever plus rapidement et plus fortement ses taux.
S’en est alors suivi un débouclage massif des positions vendeuses de volatilité. Près de 3 milliards de dollars placés en majorité dans des ETF/ETP ont été nettoyés.

C’est ce qui explique que nous avons assisté à une envolée record, qui ne s’était pas manifestée depuis l’éclatement de la bulle Internet dans les années 2000.
Prévoyez-vous d’autres épisodes de volatilité accrue au cours des prochaines semaines ?

La question se pose de savoir quels contrecoups ce nettoyage va avoir sur d’autres produits sous gestion.
La volatilité est une mesure du risque communément utilisée. Nombre de produits sont pilotés à partir de cette métrique. Des ventes forcées d’actifs risqués pourraient être orchestrées du fait de la hausse récente du régime de volatilité.
Il n’y a pas aujourd’hui de claire visibilité sur le type de volatilité sur lequel ces produits ont été calibrés. Ainsi les répercussions seront fonction de ce calibrage d’une part et du laps de temps pendant lequel cette volatilité restera anormalement élevée.

Quel montant renferment ces produits ?

Difficile de donner un chiffre exact. Certaines estimations font état de 1000 milliards de dollars. Cela ne signifie pas que potentiellement 1000 milliards de dollars devront être vendus. Cependant, cela laisse penser que nous devrions encore connaitre quelques sursauts.
Cette situation amène le marché à avoir du mal à reprendre pied.

Sur quel régime de volatilité tablez-vous à présent ?
L’essentiel des positions directement vendeuses de volatilité ayant été débouclé, nous ne devrions pas à nouveau atteindre le niveau très élevé de volatilité que nous avons enregistré début février.
Parallèlement, les pertes liées aux débouclements de ces positions vendeuses ayant été considérables, il est peu probable que nous renouions avec les points bas de volatilité relevés en 2017.
Ainsi, nous devrions rester avec un niveau tendanciel de volatilité supérieur à celui de 2017, avec des épisodes de volatilité plus forte quand l’inquiétude des investisseurs sur les fondamentaux économiques ressurgira.

De quelle manière avez-vous géré ce pic de volatilité ?

Nous avions pris des mesures par anticipation dans la perspective du ralentissement du momentum économique aux Etats-Unis et des relèvements de taux par la Fed.
En ce sens, nous avions constitué des couvertures optionnelles dans la plupart des produits que nous gérons- en particulier dans ♦♦♦♦ les fonds Candriam Multi Asset Income ou Candriam Income & Growth ♦♦♦♦ pour limiter les drawdowns et bénéficier de la hausse à venir de la volatilité.
Ces options ont été activées au moment de la correction des marchés ce qui nous a conduit à être moins exposés sur les actifs risqués.
Au fur et à mesure que le marché baissait, nous avons vendu les options que nous détenions et généré des gains sur ces positions.
Pour l’heure, notre exposition aux actifs risqués est revenue sur des niveaux proches de ceux du mois de janvier.

Envisagez-vous de le faire prochainement ?

Cela dépendra beaucoup du rapport emploi américain qui sera publié le 2 mars. Si nous avons à nouveau une surprise sur la hausse des salaires, un regain d’anxiété pourrait se manifester dans le marché.
Nous nous placerions de manière à saisir les nouvelles opportunités crées par d’éventuelles secousses pour accroitre notre exposition sur le marché. Nous restons convaincus que l’année 2018 sera fondamentalement propice aux actifs risqués.
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