Dans ses perspectives du mois d'octobre / novembre, Pictet AM adopte un ton prudent. En effet, les investisseurs ne manquent pas de sujets d'inquiétude, à commencer par un risque géopolitique qui demeure élevé. La Corée du Nord poursuit son programme nucléaire malgré les menaces proférées par les Etats-Unis, et si un conflit armé lui semble peu probable, ni le risque d’un mauvais calcul ni celui d’une détérioration de la relation clé entre les Etats-Unis et la Chine ne sont à écarter.

En France, la popularité du président Macron s'effrite elle aussi, bien que les marchés n'aient pas lieu de s'en alarmer tant qu'il maintient le cap des réformes (et celle engagée sur le marché du travail semble bien partie). Par ailleurs, le temps presse concernant les négociations sur le Brexit, sachant qu'il reste à peine un an pour parvenir à une entente sur les conditions du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne, afin de permettre une ratification d'ici mars 2019 et d'éviter une sortie sans accord.

Malgré ces inquiétudes, les marchés actions demeurent sereins. La volatilité reste à un niveau historiquement faible, l'indice VIX (qui mesure la volatilité implicite du S&P 500) oscillant autour de 10. Mais ce calme apparent est trompeur, certaines tendances laissant penser que la volatilité sous-jacente commence déjà à augmenter.

Les monnaies sont le maillon faible. La forte baisse du dollar par rapport à d'autres grandes monnaies et celle du franc suisse face à l'euro posent aux investisseurs un problème épineux. Signe des tensions sur le marché des changes, leur volatilité implicite diverge de celle des obligations depuis juillet environ, alors qu'elle a tendance à évoluer de concert en temps normal. Les monnaies semblent constituer une soupape permettant d'évacuer les pressions qui, autrement, risqueraient de plus peser sur les marchés.

Le gérant d'actifs est persuadé que la volatilité va augmenter. Son faible niveau ces dernières années tient en grande partie aux politiques ultra-accommodantes des banques centrales. Mais ces dernières s'apprêtent désormais à y mettre un terme, à commencer par la Réserve fédérale américaine, qui a confirmé lors de sa réunion de septembre sa décision d'amorcer la réduction de son bilan en octobre. La Banque centrale européenne devrait elle aussi entamer la diminution progressive de son programme d'achat d'actifs en 2018.

Pictet considère donc qu'il est important de bien se couvrir contre le risque géopolitique, avec deux principales solutions: via l'achat d'or ou de protections pour les allocations en actions. Comme l'institution reste positive à l'égard des actions et comme la hausse de l'or cette année est due en grande partie à l'affaiblissement du dollar, Pictet a choisi d'acheter de la protection en actions.