Séoul (awp/afp) - Le patron de Samsung Electronics a annoncé sa démission vendredi, expliquant que le géant sud-coréen affrontait une "crise" inédite alors même qu'il prévoit des bénéfices opérationnels record après le scandale qui a valu la prison à l'héritier de l'empire.

La démission du PDG Kwon Oh-Hyun est annoncée au moment où le premier fabricant mondial de smartphones cherche à se dépêtrer du vaste scandale de corruption qui a emporté l'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-Hye.

"Alors que nous sommes confrontés à une crise sans précédent dans l'ensemble de la compagnie, je crois que l'heure est venue pour elle de prendre un nouveau départ, avec un esprit neuf et une direction plus jeune, afin de mieux répondre aux défis intrinsèques d'une industrie de la technologie qui se transforme rapidement", a déclaré M. Kwon, 64 ans.

"Heureusement, l'entreprise connaît ses meilleurs résultats de tous les temps mais il s'agit simplement du fruit de décisions et d'investissements passés", a-t-il prévenu dans un communiqué.

Le géant technologique cherche à faire oublier l'incarcération de Lee Jae-Yong, vice-président de Samsung Electronics et fils du président du groupe Samsung, mais aussi le fiasco du Galaxy Note 7 aux batteries explosives.

L'héritier, tombé pour des versements au bénéfice de la confidente de l'ombre de l'ex-présidente, Choi Soon-Sil, a été condamné en août à cinq ans de prison, pour corruption, abus de bien sociaux ou encore parjure.

Il a fait appel de ce jugement et se défend de toute malversation.

- succès des puces mémoire -

D'après Shim Jung-Taik, auteur de plusieurs ouvrages sur le chaebol qui pèse un cinquième du PIB sud-coréen, le départ soudain de M. Kwok pourrait s'expliquer par son désir d'obtenir un châtiment moins sévère pour Lee Jae-Yong.

"Les avocats de M. Lee pourraient faire valoir qu'avec le départ du vétéran Kwon, Samsung a plus que jamais besoin de son vice-président aux commandes", a-t-il dit, soulignant qu'il s'agissait d'une tactique en vogue chez les conglomérats familiaux sud-coréens.

Le groupe n'a procédé à aucun changement majeur à sa direction depuis 2014, date à laquelle le président Lee Kun-Hee a été victime d'une crise cardiaque.

Le remaniement au sommet a été annoncé parallèlement à des prévisions de résultats spectaculaires pour le troisième trimestre, grâce en particulier aux ventes florissantes de puces mémoire.

Pour la période de juillet à septembre, le bénéfice va ressortir à 14.500 milliards de wons, soit 10,8 milliards d'euros, un record historique pour un résultat trimestriel, près du triple des 5.200 milliards de wons de l'année dernière.

Le chiffre d'affaires devrait grimper de près de 30% sur un an, à 62.000 milliards de wons.

Samsung n'a pas détaillé ses prévisions de résultat secteur par secteur mais tous les analystes s'accordent pour dire que les semi-conducteurs portent la croissance, relevant aussi les bonnes performances de ses smartphones.

- poursuivre sur sa lancée -

Samsung fournit ses puces à d'autres groupes, dont le grand rival américain Apple. Les résultats trimestriels définitifs seront publiés le 31 octobre.

Il s'agit de "bonnes prévisions qui sont largement conformes aux attentes des marchés", a commenté pour l'AFP Kwon Sung-Ryul, analyste chez Dongbu Securities.

"La société surfe sur le boom des semi-conducteurs", a-t-il dit, estimant que celui-ci représentait 10.000 milliards de wons des bénéfices opérationnels escomptés.

Les puces DRAM, utilisées dans les serveurs et les ordinateurs, et NAND, aux très grandes capacités de stockage, ont vu leurs prix augmenter tandis que les exportations sont également en hausse.

Les résultats s'expliquent également par le succès des appareils phare de Samsung, le Galaxy S8 et le Galaxy Note 8.

D'après Yonhap Infomax data, qui se fonde sur les études menées par 21 cabinets, Samsung devrait continuer sur sa lancée et annoncer au quatrième trimestre un résultat opérationnel de 16.000 milliards de wons, en hausse de 74% sur un an.

Apple a bien lancé ses propres modèles nouveaux, au premier rang desquels l'iPhone X, ce qui pourrait concurrencer le sud-coréen. Mais, explique Doh Hyun-woo, analyste chez Mirae Asset Daewoo Securities, cela bénéficiera aussi au secteur des composants pour smartphones du sud-coréen.

Le titre de Samsung Electronic a clôturé en baisse de 1,46%, victime de prises de bénéfices.

afp/rp