SAINT-DENIS, La Réunion, 5 juillet (Reuters) - Engagées depuis plus d’un mois, des négociations sur le prix de la tonne de canne à sucre n’avaient toujours pas abouti mercredi à La Réunion, où les blocages de routes par les agriculteurs perturbent quotidiennement la vie de l’île.

Les planteurs réclament une augmentation de 6 euros du prix de la tonne payé par Tereos Sucre Océan Indien, filiale du groupe français Tereos, un des acteurs majeurs de la production sucrière au niveau mondial.

Une telle augmentation "n’est pas économiquement réaliste", répond ce dernier, qui débourse actuellement 39,09 euros la tonne livrée à ses deux sucreries réunionnaises.

Les syndicats de planteurs s’arc-boutent sur leur revendication en raison, notamment, d’une subvention étatique annuelle de 28 millions d’euros que touchera Tereos à partir de cette année pour faire face à la suppression des quotas sucriers européens qui lui garantissaient le prix d’écoulement de la totalité de sa production.

Tereos réplique en soulignant l’augmentation des revenus des planteurs de canne au cours des dernières années, grâce notamment à une rétribution supplémentaire des livraisons liée à l’utilisation des fibres de canne comme combustible dans des centrales thermiques du groupe Albioma.

Grâce aux aides publiques, les planteurs perçoivent au total 80,30 euros par tonne quand leurs cannes présentent les caractéristiques définies par la convention pluriannuelle qui les lie à l’industriel. Les négociations en cours étaient prévues de longue date. Elles s’éternisent alors que la récolte 2017 aurait dû débuter fin juin, comme chaque année.

Mardi, les sept députés de La Réunion, toutes tendances politiques confondues, ont attiré l’attention de Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, en cosignant un courrier demandant l’aboutissement des négociations pour sortir d’un « climat de tension qui risque de porter préjudice à l’ensemble de la filière et aux 18.000 emplois qu’elle représente, mais aussi de paralyser l’ensemble de la société réunionnaise ».

Première filière agricole de l’île, la canne à sucre est la culture principale de 3.400 exploitations, généralement de petite taille et qui livrent en majorité moins de 1.000 tonnes par an aux usines de Tereos Sucre Océan Indien. (Bernard Grollier, édité par Yves Clarisse)