Pour faire face à la baisse de la demande vers la Turquie et l'Egypte liée à des craintes en matière de sécurité, les voyagistes et les compagnies aériennes ont développé leur offre à destination de l'Espagne au cours des dernières années.

Il en est résulté une intense concurrence dans ce pays qui a pesé sur les prix et explique en partie le dépôt de bilan des compagnies Air Berlin et Monarch l'an dernier.

TUI a indiqué mardi que les réservations en Allemagne pour les voyages cet été vers la Turquie étaient en hausse d'environ 50%, tandis que la demande vers l'Egypte a également rebondi.

"Les deux destinations, qui sont de très grandes destinations, sont de retour", a déclaré à la presse le directeur général, Fritz Joussen, à la suite de la publication des résultats trimestriels de TUI.

La reprise de l'activité touristique en Turquie, théâtre d'une tentative de coup d'Etat en juillet 2016, est une bonne nouvelle pour les voyagistes qui y réalisent des marges plus élevées, alors que la hausse des frais hôteliers et la concurrence accrue pèsent sur la rentabilité en Espagne.

"La Turquie et l'Europe permettront à Thomas Cook et TUI de réaliser une bonne année 2018", commentent les analystes de Bernstein, dont l'opinion sur le titre Thomas Cook a été relevée à "performance en ligne".

"UN PETIT RISQUE" QUI PORTE SES FRUITS EN TURQUIE

Barclays, de son côté, juge les résultats de TUI solides.

L'action TUI bondit de 4,7% à 1.669,5 pence à 10h35 GMT après un record à 1.687,5 pence, signant la meilleure performance de l'indice FTSE de la Bourse de Londres (-0,05%) et de l'indice paneuropéen Stoxx 600 (-0,22%).

Prié de commenter l'évolution des marges, Fritz Joussen a déclaré qu'il s'agissait actuellement de créer du volume d'activité en Turquie, ajoutant que TUI avait prolongé dans ce pays certains contrats hôteliers de l'été dernier, alors qu'il aurait pu les résilier.

"Nous avons pris un petit risque et cela porte ses fruits", a-t-il déclaré.

TUI a réduit de plus de moitié sa perte brute sur les trois derniers mois de 2017, premier trimestre de son exercice décalé, à 25,4 millions d'euros. Il a également dit être en bonne voie pour augmenter d'au moins 10% son bénéfice hors effets de changes en 2018.

Alors que la période octobre-décembre est traditionnellement difficile pour les voyagistes, les activités hôtelières et de croisières de TUI ont soutenu son résultat d'exploitation. La mise en liquidation de la compagnie aérienne autrichienne Niki a en revanche pesé sur ses comptes.

Le dépôt de bilan l'an dernier d'Air Berlin a amené TUI à comptabiliser une charge de 15 millions d'euros liée à la renégociation des contrats de location conclus avec la compagnie allemande.

Le groupe a inscrit une autre charge de 20 millions d'euros dans ses comptes du premier trimestre en raison cette fois d'un accord de location avec équipage ("wet lease") avec Niki, filiale d'Air Berlin qui a, à son tour, déposé son bilan en décembre.

Selon Fritz Joussen, TUI est intéressé par des créneaux à l'aéroport de Düsseldorf où il aimerait exploiter deux avions. Air Berlin disposait d'un hub à Düsseldorf, située dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la région la plus peuplée d'Allemagne, ce qui rend cet aéroport particulièrement attractif pour les compagnies aériennes.

(Victoria Bryan; Bertrand Boucey et Claude Chendjou pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : TUI, Thomas Cook Group