PARIS (Agefi-Dow Jones)--Quelle gouvernance pour demain? Fort de sa casquette de patron d'un groupe du CAC 40 et de président de l'Institut de l'Entreprise, Antoine Frérot, PDG de Veolia propose une vraie révolution. "En France, on n'aime pas assez les entreprises, car on pense qu'elles ne créent de la richesse que pour les actionnaires et les patrons", constate-t-il. "Or, l'entreprise n'a pas pour unique vocation de dégager des profits, elle crée aussi des richesses pour toutes les parties prenantes. D'ailleurs, la valeur ajoutée de Veolia est déjà, de fait, très largement redistribuée dans les territoires."

Cette nouvelle vision de la gouvernance, "supposerait un conseil d'administration élargi aux diverses parties prenantes (clients, fournisseurs, associations de consommateur….) pour définir la notion de performance", poursuit Antoine Frérot. "L'arrivée des salariés au conseil est un premier pas, et n'a pas été la catastrophe prédite par certains."

Le conseil d'administration "doit réunir les compétences dont il a besoin", rappelle Véronique Bruneau-Bayard, avocat chez CMS Bureau Francis Lefebvre. "Il peut accueillir des représentants des parties prenantes, mais qui doivent véritablement enrichir le conseil. Avant tout, l'impulsion doit être donnée par le PDG. A lui de vérifier que les intérêts des parties prenantes sont bien prises en compte dans la stratégie de la société. En revanche, il me parait difficile de légiférer sur ce sujet".

Le PDG de Veolia, lui, ne serait pas hostile à un élargissement de la définition de la société fixée par l'article 1832 du Code civil.

"La gouvernance paritaire réunit par construction salariés et clients autour de la table du conseil", rappelle Bénédicte Hautefort, éditrice de L'Hebdo des AG. "Ce système considéré en France comme le plus désuet pourrait ainsi devenir le plus moderne, une fois réformé, et séduire les grands groupes". Mais "attention à ne pas transformer la place de Paris en coopérative !" confie un expert de la gouvernance. "D'autant qu'une entreprise a besoin de capitaux. Et ces actionnaires exigeront un droit de regard sur le groupe."

En attendant, Veolia n'a pas encore passé le cap et la composition de son conseil reste classique. Dans l'intervalle, "pour m'aider dans mes décisions, j'ai créé un comité consultatif qui regroupe certaines parties prenantes non présentes au conseil", ajoute Antoine Frérot. Le PDG de Veolia a encore du travail pour convaincre la Place, notamment ses homologues de l'Afep…

-Bruno de Roulhac, L'Agefi. ed: ECH

L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones