Pékin (awp/afp) - La Chine lancera en mars ses propres contrats à terme sur le pétrole brut, avec l'ambition de peser davantage sur les cours internationaux en proposant une alternative au Brent et au WTI, contrats en dollars qui servent de référence au marché mondial.

"Au terme de préparatifs minutieux", ces contrats à terme seront introduits et cotés le 26 mars sur une plateforme dépendant du marché à terme shanghaïen, a indiqué vendredi dans un bref communiqué l'autorité chinoise de régulation financière (CSRC).

C'est l'aboutissement d'une ambition de longue date du géant asiatique, vorace consommateur d'hydrocarbures, qui réfléchissait depuis un quart de siècle à lancer ses propres contrats pétroliers de façon à mieux peser sur le marché de l'or noir.

Si la CSRC n'offrait aucun détail à ce sujet, ces contrats devraient, selon la presse chinoise, être ouverts aux investisseurs étrangers et libellés en yuans.

L'objectif serait donc également de renforcer l'internationalisation du yuan, dont Pékin cherche activement à faire une monnaie mondiale de référence -- même si des restrictions drastiques et persistantes à sa convertibilité freinent son essor.

Ces nouveaux contrats shanghaïens entendent offrir une alternative au Brent londonien et au WTI new-yorkais, des contrats échangés à Londres et à Wall Street, tous deux libellés en dollars, qui dominent les échanges planétaires de pétrole brut.

Si des contrats chinois pourraient mieux refléter les réalités de l'offre et de la demande en Asie et devenir un baromètre régional, il paraît incertain qu'ils puissent bousculer, à court terme, le duopole du Brent et du WTI comme références internationales.

En revanche, l'initiative pourrait séduire les investisseurs chinois, qui font preuve ces dernières années d'un vif engouement pour les bourses de matières premières du pays, où s'échangent aussi bien de l'acier que du soja ou de l'ail, des marchés objets de spectaculaires emballements spéculatifs.

Pour Pékin, dont la consommation énergétique continue de bondir, tâcher de mieux maîtriser les fluctuations des cours du pétrole est un enjeu crucial.

La Chine a dépassé l'an dernier les Etats-Unis comme premier importateur de pétrole brut, et ses importations d'or noir ont encore gonflé de 20% sur un an en janvier, au niveau record de 40,64 millions de tonnes, dopées par une demande accrue des raffineurs indépendants.

D'autres matières premières ont été ciblées ces dernières années: le Shanghai Gold Exchange, bourse chinoise pour les métaux précieux, avait ainsi dévoilé en 2016 un "fixing" de référence quotidien pour l'or, en yuans, avec là aussi l'objectif d'influencer les évolutions des prix mondiaux.

afp/rp