(Répétition sans changement d'un papier transmis dimanche)

par Chuck Mikolajczak

NEW YORK, 11 décembre (Reuters) - Les actions qui ont fait pâle figure cette année n'ont guère de chance de voir leur sort s'améliorer en décembre car les investisseurs sont engagés dans des opérations d'ordre fiscal avant que l'année ne s'achève.

Il s'agit pour eux de liquider les valeurs dont la performance a été médiocre afin d'alléger l'imposition de leurs plus-values financières, si ce n'est d'en être exempté totalement.

"Nous faisons ça chaque mois de décembre; nous assumons des pertes pour le compte de clients qui ont dégagé des plus-values grâce à nous", dit Jake Dollarhide (Longbow Asset Management). "Les clients veulent le beurre et l'argent du beurre, c'est-à-dire un rendement de 8% à 12% l'an sans être taxés sur leurs plus-values".

Le projet de réforme fiscale qui fait la navette entre les deux chambres du Congrès ajoute un paramètre supplémentaire cette année et les investisseurs pourraient attendre que l'horizon se dégage. Ainsi, un investisseur voulant se délester d'une valeur particulière serait susceptible d'attendre janvier pour ce faire, afin de reporter à l'année suivante l'imposition de l'opération.

"Beaucoup attendent la réforme fiscale avant de prendre ce genre de décision", observe Ken Polcari (O'Neil Securities).

Les actions les plus ternes de 2016 ont vu leurs pertes s'accumuler lors du dernier mois de cette année-là. Ainsi TripAdvisor a cédé 4% en décembre et a terminé 2016 sur une perte de près de 46%. Vertex Pharmaceuticals a chuté de près de 10% en décembre et de 41,5% sur l'ensemble de l'année.

Ces dégagements donnent souvent lieu à ce que le marché appelle l'"effet janvier"; les valeurs, et en particulier les petites capitalisations, qui ont pu être vendues en décembre pour des raisons fiscales effectuent une remontée le mois suivant.

Le fisc interdit aux investisseurs qui vendent des actions pour raisons fiscales de les racheter elles ou des titres similaires dans les 30 jours, pour éviter ce qu'il est convenu d'appeler des "ventes de toilettage" (wash sale).

Il est cependant devenu plus difficile de repérer les actions devenues intéressantes à racheter du fait de cette stratégie d'optimisation fiscale.

Beaucoup de fonds communs de placement fixent à la fin octobre le terme de leur exercice fiscal et commencent donc parfois à vendre en septembre. Les investisseurs eux aussi, au fait de cette pratique, n'attendent plus forcément décembre pour se délester.

Ces opérations de vente à motif fiscal "ressemblent au shopping de fin d'année; chaque année ça commence de plus en plus tôt", constate Nicholas Colas (Data Trek Research).

TripAdvisor a rebondi de 14,1% en janvier 2017 et Vertex de 16,6%, alors que dans le même temps l'indice S&P-500 se contentait d'une avancée de 1,8%. Parmi les petites capitalisations, Mirati Therapeutics a lâché 11,2% en décembre et dégringolé de 85% en 2016 pour regagner plus de 7% en janvier 2017.

Under Armour et Range Resources figurent parmi les plus mauvaises performances de l'année, avec un rétrogradage de plus de 50%, suivis par Signet Jewelers et General Electric qui laissent plus de 40%.

Sectoriellement, l'énergie n'a pas été à la fête, à travers l'ensemble de la gamme des capitalisations.

Un autre élément vient compliquer les choses cette année: la vigoureuse performance de la Bourse en septembre et en octobre, deux mois habituellement difficiles pour elle mais qui ont pourtant vu le S&P-500 progresser de 2% environ sur chacun d'eux et l'indice des petites capitalisations Russell 2000 avancer de 6% en septembre et de 0,8% en octobre.

"On a vraiment eu une bonne performance en septembre et en octobre", dit Steve DeSanctis (Jefferies). "Maintenant, il y aura d'autres moteurs, fiscaux en particulier".

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)